Exprimée en rythme annuel, soit en additionnant les quatre
derniers trimestres, l'économie helvétique affiche toujours une
solide performance avec un taux de +3%, a indiqué le Secrétariat
d'Etat à l'économie.
Marchés financiers en cause
Et le chiffre pour l'entier de l'an dernier est maintenu à
+3,1%, après 3,2% en 2006 déjà. Annoncé par les prévisionnistes, le
ralentissement du 1er trimestre reflète les conséquences de la
crise des marchés financiers venue des Etats-Unis et qui sévit
maintenant depuis un an. Fin mars, le Seco déjà avait fait savoir
qu'il anticipait une croissance de 1,9% sur l'ensemble de 2008,
puis de 1,5% en 2009.
L'affaiblissement de la dynamique constaté entre janvier et mars
provient, entre autres facteurs, de la faible augmentation (+0,7%)
des exportations de biens et services. Ce taux est certes meilleur
que celui enregistré au 4e trimestre 2007 (+0,1%), mais bien
éloigné du taux de 2,9% dégagé au 1er trimestre de l'an
passé.
Les exportations de marchandises présentent une progression de 1%,
mais une baisse de 0,7% en ne tenant pas compte du commerce des
métaux précieux et autres objets d'art. Les services sont quant à
eux restés en rade (+0,2%), après plusieurs trimestres de solides
avancées (jusqu'à +4,5% au 2e trimestre 2007 par exemple).
Les ménages en soutien
La consommation des ménages a en revanche soutenu la croissance.
Représentant 60% du PIB sous l'angle des dépenses, elle a continué
à progresser de manière «relativement stable» (+0,4%, après +0,3%
trois mois plus tôt), notamment dans le logement, l'énergie, la
nourriture, les boissons et les communications. Les ménages ont par
contre dépensé moins en ce début d'année dans les secteurs des
transports et de l'habillement.
Les collectivités publiques ont de leur côté augmenté leurs
dépenses de 0,2%. Les investissements ont globalement progressé de
1,2%. Ceux dédiés aux biens d'équipement ont signé le plus fort
taux de croissance, avec +2,5%. Ils concernent avant tout les
appareils médicaux, les instruments de précision et les
véhicules.
Construction: le recul
Les investissements dans la construction ont pour leur part
connu un coup d'arrêt (-0,6%), après le rebond de +1,7% constaté
l'automne dernier, qui faisait toutefois suite à trois trimestres
de contraction. Le recul est apparu malgré l'existence de
conditions météorologiques favorables, note le SECO.
Les importations de biens et services ont connu une évolution
négative, en reculant globalement de 3,2%. La tendance est la plus
marquée pour les services (-6,1%), alors que pour les marchandises
la baisse ressort à 2,6%.
ats/cer
La valeur ajoutée progresse
Sous l'angle de la production, la valeur ajoutée du domaine d'activités réunissant le commerce, l'hôtellerie et la restauration, les transports et les communications a progressé de 2,6% par rapport au trimestre précédent.
Dans le secteur des services publics, la valeur ajoutée a également crû (+0,8%). Par rapport au trimestre précédent, la valeur ajoutée a stagné dans le bâtiment et a reculé dans les secteurs de l'agriculture (-0,4%), de l'industrie (-0,6%) et dans le secteur dominé par les activités financières (-2,1%).
Quant au secteur des activités financières, sous l'effet de la crise du crédit qui touche de plein fouet l'UBS notamment, c'est lui qui a le plus souffert du ralentissement de l'économie au 1er trimestre. Sa contribution au PIB réel a diminué de 2,1% par rapport au 4e trimestre 2007.
Le ralentissement se poursuivra
Le ralentissement de l'économie suisse devrait se poursuivre et même s'aggraver au 2e trimestre 2008, estime Bernard Lambert, économiste la banque Pictet & Cie. L'impact de la flambée des prix du pétrole va commencer à pénaliser le budget des ménages.
La performance du produit intérieur brut (PIB) réel au 1er trimestre marque le début d'un phénomène qui pourrait s'étendre jusqu'à la fin de l'année, relève Bernard Lambert. La persistance d'un pétrole cher pèsera alors sur la consommation des ménages, encore relativement robuste en début d'année.
De plus, l'économie helvétique aura encore à souffrir des conséquences de la crise des marchés financiers. Les difficultés de l'UBS en particulier, qui a inscrit une perte de 12 milliards de francs au 1er trimestre, va plomber le secteur, dont la valeur ajoutée au PIB a déjà reculé de 2,1% entre janvier et mars.