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Le prix de l'essence freine les Américains

Les Américains roulent moins, du jamais vu depuis 30 ans.
Les Américains roulent moins, du jamais vu depuis 30 ans.
Les automobilistes américains, sous le choc de la hausse rapide du prix de l'essence qui ne cesse de dépasser des records historiques, commencent à changer leurs habitudes sur les routes.

Pour la première fois depuis près de trente ans, les Américains
commencent à moins rouler, comme l'attestent les statistiques
préliminaires de la Federal Highway Administration qui montrent en
janvier 2008 un recul de 1,7% du nombre de miles (un mile = 1,6 km)
parcourus par les automobiles américaines par rapport à la même
période l'année précédente.

Barre des 4 dollars

Ce recul peut sembler minime mais il est significatif lorsqu'on
sait que le parc de voitures augmente chaque année dans le pays de
près de 2%. Le prix du gallon d'essence (3,78 litres), beaucoup
moins cher qu'en Europe parce que moins taxé, s'apprête à passer la
barre psychologique des 4 dollars en moyenne nationale. Il a
augmenté de 59 cents en deux mois.



Le plein d'un 4X4 type, qui consomme 12 litres aux 100 km, est
ainsi passé de 71 dollars en février à 84 dollars début mai. "Les
hauts prix de l'essence motivent les automobilistes à économiser en
conduisant moins et en ayant recours à des modes de transports
moins gourmands", estime Michael Morris de l'Energy Information
Administration.

Du jamais vu depuis 1991

Les chiffres de la consommation d'essence sont également à la
baisse sur les deux derniers trimestres, un recul jamais vu depuis
1991. Pour les trois premiers mois de 2008, la consommation a
baissé de 0,6%, un recul qui devrait continuer cet été par rapport
à l'été 2007.



La hausse du prix à la pompe est désormais en tête de liste des
inquiétudes économiques des Américains. Huit Américains sur 10
(78%) sont sûrs que la montée du prix de l'essence n'est pas une
fluctuation temporaire, affirme une enquête USA Today-Gallup
réalisée du 2 au 4 mai. En 2005, 36% pensaient encore que l'essence
allait baisser. Aujourd'hui une majorité (54%) croit que d'ici cinq
ans l'essence atteindra 6 dollars le gallon.



Selon cette même enquête, six automobilistes sur dix affirment
qu'ils s'arrangent désormais avec des voisins pour l'organisation
de trajets. "Les gens commencent à vraiment apprécier les vertus
économiques du co-voiturage et il y a un plus grand intérêt pour le
développement des transports en commun", commente Doug Hecox de la
Federal Highway Administration.

Changement de comportement

Une récente étude menée auprès des membres de l'Association
automobile américaine (AAA) de Chicago montre que 76% d'entre eux
essayent de réduire le nombre de trajets pour faire leurs courses
et 24% ont modifié, voire annulé, leur projet de voyage pour les
vacances.



"Le fait de regrouper les trajets des courses paraît ne pas
signifier grand chose sauf si pendant le week-end vous prenez la
voiture pour visiter la famille, assister à un événement sportif,
aller à l'église, passer chez le teinturier puis au supermarché",
indiquait récemment une porte-parole d'AAA au quotidien Chicago
Tribune.



Les journaux et sites internet d'informations regorgent de
conseils utiles pour rouler de façon économique et les sites qui
cartographient les stations d'essence les moins chères dans une
région donnée, du type Mapquest Gas Prices, se multiplient. Le
trafic sur le site de Mapquest a ainsi doublé en un an.

Concurrence chez les constructeurs

Les constructeurs automobiles américains, qui ont connu en avril
des baisses à deux chiffres de leurs ventes de véhicules neufs,
rivalisent de promotions imaginatives. Ainsi Chrysler, et ses
marques d'imposants et gourmands 4X4 Dodge et Jeep, offre un
contrat d'approvisionnement en essence à 2,99 dollars le gallon
pendant trois ans, à tout nouveau client qui acquiert un
véhicule.



A l'autre bout du spectre, un nouveau délit, très courant dans les
années 70 du choc pétrolier, commence à ressurgir: le siphonage
d'essence, qui provoque une ruée sur les verrous de bouchon de
réservoirs.



afp/tac

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Controverse sur les biocarburants

Le débat sur les bénéfices des biocarburants est relancé aux Etats-Unis par des parlementaires et des experts qui soulignent leur rôle dans la flambée des prix des produits alimentaires de base.

"Pourquoi est-ce que nous mettons de la nourriture dans nos réservoirs plutôt que dans nos estomacs", s'est interrogé un boulanger fortement touché par la hausse des denrées alimentaires.

D'autres voix se sont élevées pour mettre en cause le choix politique de l'administration Bush de soutenir massivement la production de biocarburants, notamment à partir de maïs. Les USA sont les plus gros producteurs d'éthanol au monde.

Pour le centre de recherche Earth Policy Institute (EPI), cette politique en faveur de l'éthanol "cause des dégâts environnementaux et alimente la crise alimentaire mondiale".

L'EPI estime que les USA ont utilisé 25% de leur maïs pour fabriquer de l'éthanol l'an dernier, et que cela a contribué à réduire de seulement 1% la consommation de pétrole.

Au cours des derniers mois, le président Bush s'est fait l'apôtre du développement des biocarburants pour diminuer la dépendance énergétique des USA envers l'étranger, faire face à la cherté du pétrole et développer des alternatives aux énergies fossiles pour lutter contre le réchauffement. En décembre, il a signé une loi sur l'indépendance et la sécurité énergétiques, qui prévoit de multiplier par six l'utilisation d'éthanol pour la porter à 136 milliards de litres par an d'ici 2022.

Mais même des membres du parti républicain ont récemment appelé le président américain à faire pression sur le Congrès pour faire marche arrière sur le "plan éthanol".

"Au cours des dernières semaines, la corrélation entre le plan du gouvernement sur les biocarburants et l'augmentation rapide des prix alimentaires est devenue indéniable", estime la sénatrice du Texas Kay Bailey Hutchison. Ella a dit vouloir présenter un texte dans le but de geler les niveaux actuels de production de biocarburants.