Les producteurs de lait romands membres d'Uniterre ont décidé
mercredi de rejoindre la grève du lait lancée mardi par
l'association alémanique Big-M. Les quelque 100 à 130 producteurs
réunis lors d'une assemblée à Palézieux (VD) se sont prononcés à
l'unanimité.
«Nous négocions depuis des années sur le prix du lait et nous
n'obtenons rien. Force est donc de constater qu'il n'y a pas
d'autre moyen que la grève», a indiqué à l'ATS Jacques Barras, de
la commission «lait» du syndicat Uniterre. La grève a été votée
pour jeudi vendredi. Une nouvelle assemblée se tiendra vendredi
pour faire le point.
400 agriculteurs avec Uniterre
Quelque 400 paysans romands ont signé le contrat d'Uniterre pour
un prix du lait "équitable", soit un franc par litre payé net au
producteur. Ils se sont ainsi engagés à soutenir les actions menées
pour atteindre cet objectif. En Suisse, les négociations pour une
augmentation du prix du lait ont échoué en fin de semaine dernière,
les acheteurs ayant refusé tout effort, rappelle Uniterre.
La commission "lait" du syndicat a donc décidé d'emboîter le pas
au mouvement de grève européen, à l'instar des producteurs de lait
alémaniques membres de l'association Big-M (Bäuerliche
Interessengruppe für Marktkampf - Groupe d'intérêt paysan pour la
lutte sur le marché).
L'association a manifesté mardi devant les sièges des
transformateurs de lait Emmi à Emmen (LU) et Hochdorf Nutriec à
Sulgen (TG). Au total, près de 200 paysans se sont réunis. Ils se
sont prononcés pour une grève du lait dès mercredi. Ils réclament
une hausse de 10 centimes par litre.
Ampleur de la grève pas connue
L'ampleur de cette grève, qui a commencé mercredi matin, n'est
pas encore connue. Les transformateurs de lait Emmi et Hochdorf en
relativisent les conséquences, tandis que les initiateurs du
mouvement restent eux réservés.
Emmi est convaincu que l'appel à la grève de l'association
alémanique Big-M n'aura pas de répercussions importantes, a selon
sa porte-parole mercredi. Elle a ajouté: «Il en faut beaucoup pour
qu'Emmi ait des problèmes d'approvisionnement de lait». Hochdorf
Nutrition n'a pas pu en dire plus sur les effets d'une éventuelle
grève.
L'association Big-M n'est pas plus prolixe en informations. Des
chiffres fiables ne seront pas disponibles avant jeudi au plus tôt,
a dit son président Martin Haab. Il sait toutefois que dans le
district zurichois d'Affoltern, les quelque 200 producteurs de lait
n'ont pratiquement pas livré de lait.
agences/tac
La "grève du lait" s'étend en Europe
Les producteurs de lait de plusieurs pays européens ont entamé mercredi, à l'instar des producteurs allemands, une grève de leurs livraisons pour protester contre des prix jugés trop bas, a indiqué le Bureau européen du Lait (EMB).
Le mouvement, lancé mardi en Allemagne par la Fédération locale BDM, s'est étendu entre-temps à l'Autriche, aux Pays-Bas et à la Belgique.
En Allemagne même, le mouvement était suivi mercredi matin par 95% des adhérents de la BDM.
"Les livraisons de lait (à l'industrie agro-alimentaire) vont encore décroître dans les jours à venir, et cela aura des conséquences sur les livraisons aux supermarchés", a déclaré un porte-parole de la BDM.
La Fédération réclame que les producteurs soient payés 43 centimes par litre de lait, contre les 28 à 34 centimes d'usage en ce moment. Elle argue que, sous l'effet de la hausse des prix de l'énergie et du fourrage, les coûts de production ont grimpé de 7 centimes par litre, et que cette hausse ne s'est pas reflétée dans les prix pratiqués par les laiteries.
La fédération autrichienne IG Milch a appelé mercredi ses 6000 membres à réduire immédiatement de moitié leurs livraisons aux laiteries pour protester contre le prix du lait trop bas. Si les négociations étaient refusées, IG Milch promet de passer à des actions politiques publiques.