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L'offre de véhicules électriques toujours plus concurrentielle en Suisse

2020 année noire pour l'automobile en Suisse, mais florissante pour l'électrique
2020 année noire pour l'automobile en Suisse, mais florissante pour l'électrique / 19h30 / 2 min. / le 19 janvier 2021
Les ventes de voitures en Suisse ont subi une chute historique de 24% l'an dernier. Dans le même temps, le nombre de véhicules électriques a bondi de 48%. Le Model 3 de Tesla domine le podium, mais la concurrence grandit, avec désormais 50 concurrents.

Pour le marché de l'automobile en Suisse, 2020 est une année noire. Les ventes globales dégringolent, grippées par la pandémie. "C'est vraiment une très mauvaise année. La pire des 45 dernières années", déplore François Launaz, le président de la faîtière des importateurs automobiles Auto-Suisse.

La baisse d'un quart des ventes en une seule année est historique. Mais 2020 n'est pas seulement une année noire pour les ventes automobiles, elle est aussi une année verte, avec une forte hausse des voitures 100% électriques. Au total, plus de 19'300 voitures de ce type ont été immatriculées l'an dernier, soit un bond de 48% par rapport à l’année précédente.

Une conséquence directe de la pandémie? Pas vraiment. 2020 était aussi l'année où la limite des émissions de CO2 par km en moyenne par voiture neuve devait passer de 130 grammes à 95 grammes, obligeant les marques conventionnelles à arriver sur le marché avec des nouveaux modèles plus propres.

Marché démocratisé

Au classement des ventes, Tesla reste en tête, devant la Renault Zoé et le SUV d'Hyundai. Suit l'ID3 de la marque VW, qui entame son offensive électrique (voir en encadré la liste des modèles 100% électriques vendus en 2020).

Pour François Launaz, Tesla a mis un bon coup de bâton dans la fourmilière: "Les marques qui dominaient le marché les années précédentes ont dû se réveiller et sont en train de rattraper leur retard en Europe. Avec une campagne marketing hors du commun et une façon nouvelle de vendre des voitures sans garage, Tesla a bouleversé le paysage automobile".

Des entrées de gamme de moins en moins chères permettent à l'électrique de se démocratiser. Le "marketing" de Tesla avec des voitures inaccessibles au plus grand nombre fait place désormais à une réalité décarbonée, accessible à tous.

La concurrence sur le marché de l'électrique grandit, avec l'arrivée de 20 nouveaux modèles l'an dernier. Le choix s'étoffe désormais à une cinquantaine de modèles disponibles en Suisse.

Nouvelles marques pure électriques

Parmi ces nouveaux entrants figure l'Opel e-Corsa et ses 337 kilomètres (WLTP) d'autonomie. "C'est l'une des rares voitures européennes. Aujourd'hui, nous n'avons pas de problème de livraison pour ce type de véhicules. La demande est là et la production suit", se réjouit David Rodrigues, directeur de la succursale Opel, Citroën et DS chez Emil Frey Automobiles à Genève.

De nouvelles marques pure électriques sont arrivées sur les routes suisses, comme la sino-suédoise Polestar. Son modèle 2 affiche 470 kilomètres (WLTP) d’autonomie pour un prix de 57'000 francs. Débarquée en décembre, elle avait déjà trouvé 32 clients fin 2020 en Suisse dont Pierre-Alain Pittet: "J'ai eu beaucoup de véhicules à essence et j'ai hésité longtemps entre un véhicule hybride ou électrique. Finalement, l'autonomie de la Polestar 2 me suffit amplement pour l'utilisation que j'en fait". Outre le prix du véhicule, les coûts annexes vont fortement diminuer pour ce nouveau propriétaire, qui a vite fait son calcul: "Les plaques annuelles dans le canton de Vaud coûtent 25 francs. Pour l'essence, j'étais à 500 francs par mois. Maintenant, je passe à moins de 100 francs d'électricité".

Ce premier modèle 100% électrique de Polestar pourrait bien dépasser un millier de ventes cette année, au vu du décollage des ventes articulé par la directeur de la marque en Suisse :  "Nous avons ouvert notre système de commande en ligne en fin novembre. Jusqu'à présent, 300 personnes ont réservé ou fait savoir qu'ils voulaient acheter une Polestar 2", affirme Sascha Heiniger à la RTS.

Des bâtons dans les roues

Nouveaux entrants et marques traditionnelles suivent désormais ce virage électrique, que la crise du coronavirus semble accélérer. "Je crois que les marques ont compris que le futur appartient à une autre stratégie que l'essence ou le diesel pour faire avancer nos véhicules", estime le président d'Auto-Suisse, qui déplore toutefois la passivité des autorités : "Il faut investir dans les stations de recharge. Si l'on compare aux pays nordiques qui ont 300 habitants par station, la Suisse en compte 1600!"

>> Lire aussi: Les bornes de recharge, un frein à l’essor de la voiture électrique? et La Norvège se pose en championne des voitures électriques

Si les voitures électriques se démocratisent, elles restent en moyenne plus chères que les voitures thermiques, essence ou Diesel. Même si sur quelques années ce surcoût est amorti, le prix d'achat reste décisif au moment d’acheter une voiture ou de la prendre en leasing, observe François Launaz.

Pascal Jeannerat / fme

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