«Nous passons tous les deux jours dans les fermes. Il faudra
donc attendre vendredi pour avoir une idée plus précise des volumes
concernés», a indiqué Jean-Louis Sottas, directeur de la Fédération
laitière valaisanne, elle-même propriétaire de Vallait.
Même si les mastodontes de la transformation du lait que sont
Cremo à Fribourg et Elsa à Estavayer-le-Lac (FR) affirment n'avoir
rien remarqué de particulier, le syndicat Uniterre, qui avait
appelé à la grève en Suisse romande dès jeudi, s'est dit satisfait
de la participation, surtout dans le Chablais. «De nombreux
producteurs de cette région avaient d'ailleurs fait le déplacement
de Palézieux (VD) pour l'assemblée de mercredi, indique Jacques
Barras, de la commission «lait» d'Uniterre.
Nouvelle assemblée vendredi
A l'issue de cette séance, le syndicat avait clairement posé ses
exigences, à savoir un franc par litre de lait, ce qui correspond
selon lui aux coûts de production.
Uniterre décidera de la suite du mouvement lors d'une nouvelle
assemblée vendredi, également à Palézieux. D'ici là, les grévistes
s'efforceront de trouver des solutions pour utiliser au mieux le
lait tiré, mais non livré. «Je fais confiance aux producteurs», a
déclaré Jacques Barras lors du «12:45» de la TSR. «Ils peuvent par
exemple distribuer le lait à la population ou le donner aux fermes
engraissantes. Mais il ne faut pas mentir: du lait devra être
jeté».
Suisse alémanique touchée
Outre-Sarine, le géant Emmi, basé à Emmen (LU), indique
enregistrer une baisse de 1 à 2% de la quantité de lait récoltée.
Le groupe Hochdorf Nutritec, dont le site principal se situe à
Sulgen (TG), est quant à lui plus directement touché.
Mercredi, le groupe a accusé une baisse de ses livraisons de
l'ordre de 10% par rapport à la moyenne du mois de mai. Pour
l'instant, le grève ne pose pas de problème en terme de production,
précise le porte-parole Christoph Hug.
Du côté de Big-M, l'association alémanique à l'origine de la grève
qui a débuté mercredi outre-Sarine, on affiche un optimisme
certain. «Les paysans sont très motivés et espèrent que le
mouvement prendra encore de l'ampleur», a indiqué Martin Haab,
co-président de Big-M (»Bäuerliche Interessengruppe für
Marktkampf»).
agences/lan/tac
La grève ailleurs en Europe
Le mouvement s'est également poursuivi jeudi dans plusieurs Etats européens, dont la Belgique, l'Autriche et l'Allemagne.
Dans ce dernier pays, des laiteries industrielles ont reconnu qu'elles étaient confrontées à de fortes réductions dans les livraisons. Le phénomène serait particulièrement marqué en Bavière, où certaines entreprises ont admis des baisses comprises entre 30 et 50%.
Le lait va commencer à manquer d'ici au week-end dans les supermarchés, a estimé jeudi Romuald Schaber, président de la fédération BDM qui regroupe environ la moitié des producteurs allemands.
Selon le syndicat, le mouvement est suivi par 95% de ses 32'000 adhérents.
FRC et Prolait compréhensifs
La Fédération romande des consommateurs (FRC) a exprimé jeudi sa «compréhension» face aux événements. «Nous soutenons la revendication centrale, à savoir que le prix du lait couvre les frais de production», a indiqué Aline Clerc, responsable du dossier à la FRC.
«Mais nous ne soutenons pas le moyen utilisé, à savoir la grève, que nous trouvons extrême», précise immédiatement la responsable.
Même position d'équilibriste de la part de Prolait - Fédération laitière, la principale organisation de producteurs de Suisse romande. «Nous comprenons et nous soutenons la démarche de certains de nos collègues qui sont écoeurés», a indiqué Eric Jordan, directeur de Prolait.
«Nous n'appelons cependant pas nous-mêmes à la grève, car nous sommes en plein processus de négociation», a-t-il ajouté.