Aux Etats-Unis, pays de la
gourmandise automobile, les comportements ont déjà changé depuis
que l'or noir fait dans la haute voltige et que la crise économique
s'est installée.
La Suisse pas concernée
Pour la première fois depuis 1983, les Américains ont diminué en
mars de 4,3% les kilomètres parcourus en un an. Le Wall Street
Journal n'était dès lors pas loin il y a peu de présager de beaux
jours pour les assureurs autos. A court terme, la Suisse n'est pas
concernée par ce scénario. En effet, le seuil psychologique des 2
francs le litre d'essence n'existe pas à en croire la stabilité de
la consommation entre janvier et avril.
Les ventes de diesel ont même augmenté de 16% durant cette
période. "La mobilité et la croissance économique sont très liés",
relève toutefois Patrick Boillat, collaborateur scientifique à
l'observatoire de la mobilité à l'Université de Genève. Selon une
étude de l'OCDE traitant du lien entre mobilité et produit
intérieur brut (PIB), une hausse des revenus de 10% induit une
hausse de la demande en carburant de 12%.
La mobilité avant tout
En résumé, la forte croissance helvétique masque la hausse du
prix du carburant. Le PIB a en effet progressé de 3,2% en 2006 et
de 3,1% l'an dernier. A cela s'ajoutent des contingences
professionnelles et pour certains usagers, une absence
d'alternative pour se déplacer.
Un constat que partage Bernard Manguin, porte-parole du Touring
Club Suisse (TCS) pour la Suisse romande. "Les moyens de
déplacements pour se rendre du domicile au lieu de travail ne sont
pas facilement substituables". Le consommateur risque plutôt
d'économiser sur d'autres postes de son budget pour préserver sa
mobilité.
Le poids des habitudes
"Il ne faut pas sous-estimer le poids des habitudes. A court
terme, le consommateur suisse ne renoncera pas à prendre sa voiture
pour se rendre à son chalet", prévient Patrick Boillat. "Ce n'est
que dans un deuxième temps, à moyen terme, que la hausse du prix de
l'essence poussera le conducteur à se tourner vers des voitures
moins gourmandes", présage-t-il.
Les dimanches sans voitures qui ont suivi le choc pétrolier de
1973 ne sont donc pas près de faire leur retour de sitôt. Il faudra
également patienter pour entendre les clairons des assureurs autos
sur leurs profits liés à la hausse du prix du baril.
ats/mej
Le Conseil fédéral n'interviendra pas
Le Conseil fédéral n'entend pas intervenir pour contrer la flambée des prix du pétrole.
La hausse de l'or noir sur le marché international résulte du jeu des forces du marché, sur laquelle la Suisse n'a aucune influence, argumente-t-il.
Le gouvernement ne voit aucun moyen d'atténuer la différence de prix entre le diesel et l'essence, a-t-il indiqué vendredi dans sa réponse à deux interpellations urgentes de Rolf Büttiker (PRD/SO) et du groupe UDC.
Il n'est donc pas disposé à proposer au Parlement une modification de la loi sur l'imposition des huiles minérales, ainsi que Hans-Rudolf Merz l'a dit lundi au National.
En comparaison européenne, l'imposition des combustibles est relativement faible en Suisse, constate le Conseil fédéral.
Une baisse de l'impôt sur l'essence coûterait en revanche des millions à la Confédération, selon Hans-Rudolf Merz.