American Express reproche au Credit Suisse d'avoir envoyé un
employé dans sa filiale chilienne, pour débaucher deux cadres et 80
clients fortunés, qui auraient ainsi transféré 127 millions de
dollars à la banque helvétique. Ces graves allégations émanent de
la banque privée American Express, filiale du groupe du même nom
rachetée par le groupe bancaire britannique Standart Chartered
(grand nom de la finance depuis 150 ans, coté en bourse.)
Données privées dévoilées
Les deux cadres de la filiale chilienne d'American Express se
seraient mis en devoir de convaincre leurs clients fortunés de
passer au Credit Suisse. Selon la plainte, ce dernier a envoyé un
employé au Chili, que le duo a fait passer auprès de leurs
collègues pour l'un des leurs.
La RSR connaît le nom de cette personne, qui aurait ainsi
travaillé une dizaine de jours dans les locaux chiliens d'American
Express pour accéder - à l'insu de la banque - aux données
bancaires privées des clients, et les inviter à des rendez-vous.
Cela aurait permis aux trois hommes, toujours selon la plainte, de
débaucher plus de 80 clients, pour un patrimoine total de 127
millions de dollars.
Accusations rejetées
En général et par principe, le Credit Suisse ne commente pas de
procédure en cours. Mais dans ce cas précis, sa porte-parole Regula
Arrigoni affirme que la banque rejette ces accusations et qu'elle
fera valoir ses droits. Elle refuse par ailleurs de confirmer ou de
démentir que le ressortissant suisse concerné est bien un employé
du Credit Suisse.
A l'heure qu'il est, le procès ouvert le 13 mai devant le tribunal
de Floride du Sud tourne à une querelle de procédure, et aucun
début de preuve n'a encore été présenté. Au civil, les parties
peuvent toujours s'entendre hors du tribunal, mais si ces preuves
sont un jour présentées à la Cour, elles seront explosives.
RSR/Frédéric Blassel
L'UBS également dans la tourmente
L'UBS est également dans le collimateur de la justice américaine depuis quelques semaines dans l'affaire Birkenfeld..
Inculpé en Floride pour complicité de fraude fiscale, Bradley Birkenfeld - ancien responsable des grands clients à UBS Genève - devrait être entendu au Sénat américain.
Le New York Times affirme ce vendredi que cette audition aura lieu d'ici fin juin, devant le sous-comité permanent du Sénat pour les enquêtes. Selon le journal, elle concerne les produits off-shore d'UBS, et du Liechtenstein Global Trust, contrôlé par la famille régnante de la Principauté.
Interrogé, ce fameux sous-comité dément cependant qu'une telle audition soit prévue en juin. A noter qu'il est présidé par le démocrate Carl Levin, auteur d'un projet de loi contre les abus de trente-quatre paradis fiscaux, dont la Suisse.
L'affaire est d'autant plus délicate qu'au plan pénal, le Ministère américain de la justice vient de décider d'envoyer ses propres procureurs en Floride, aux cotés du procureur local, déjà flanqué d'agents spéciaux de l'administration fiscale.
Cette multitude d'intérêts ne fait rien pour simplifier la procédure, tant et si bien que les aveux de Birkenfeld, attendus lundi, ont été reportés.