Pour accélérer la production, faut-il lever le monopole de fabrication des vaccins?
Cette semaine encore, l'Union européenne a haussé le ton face aux retards de livraison des doses promises. En Suisse, plusieurs cantons revoient à la baisse leurs objectifs et leur dispositifs de vaccination. Une solution se dessine à l'Organisation mondiale du commerce (OMC) pour accélérer la cadence de production des vaccins. Des pays veulent en effet déroger aux règles sur la propriété intellectuelle pour permettre une production des vaccins autonome.
Amnesty International, Public Eye et d'autres organisations ont rédigé une lettre qui arrivera ce mercredi sur le bureau du Conseil fédéral. Elles appellent le gouvernement à changer sa position.
Dérogation à la propriété intellectuelle
Plusieurs pays, Inde et Afrique du Sud en tête, demandent en effet une dérogation temporaire aux règles de l'OMC. Pour Patrick Durish, spécialiste des questions de santé chez Public Eye, la propriété intellectuelle est aujourd'hui un frein à la production et donc à la livraison des vaccins. Si la dérogation est acceptée, dit-il, tout laboratoire qui possède le savoir-faire pourrait produire le vaccin sans passer par une demande de licence compliquée auprès d’un groupe pharmaceutique détenteur du brevet de fabrication.
Mais la Suisse, notamment, s'y oppose. Le mois dernier, suite à une question urgente du groupe des Verts, le Conseil fédéral a rappelé l'importance du système de la propriété intellectuelle pour les groupes pharmaceutiques. Pour Patrick Durisch, "la Suisse fait la même chose que d'autres pays qui hébergent des grandes compagnies pharmaceutiques, c'est-à-dire qu'elle les protège et qu'elle protège leur monopole." D'autres mécanismes existent selon le gouvernement.
Le vaccin comme un bien commun
Mais face aux tensions actuelles sur les capacités de livraison, en particulier dans les pays les plus pauvres, Patrick Durish veut croire à une avancée. Il milite, comme d’autres ONG, pour que le vaccin contre le Covid-19 soit considéré comme un "bien commun" de l’humanité et pas comme un bien privé, comme c’est le cas actuellement.
Les débats se poursuivent au sein de l'OMC, avant une décision attendue au début du mois de mars.
Sujet radio: Romain Bardet
Adaptation web: Virginie Langerock