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Pétrole cher: le G8 confie l'enquête au FMI

Les ministres des finances du G8 s'étaient réunis à Osaka.
Les ministres des finances du G8 s'étaient réunis à Osaka.
Les pays industrialisés du G8 ont confié samedi au FMI le soin d'enquêter sur les causes de l'envolée des prix du pétrole. Le diagnostic de ce mal qui menace l'économie mondiale est controversé.

Réunis depuis vendredi à Osaka, dans l'ouest du Japon, les
ministres des finances du G8 (Etats-Unis, Japon, Allemagne, Grande
Bretagne, France, Italie, Canada, Russie) ont averti dans leur
communiqué final que le pétrole cher constituait "une sérieuse
menace pour la stabilité de la croissance mondiale". La hausse du
prix de l'or noir s'est emballée la semaine dernière, frisant les
140 dollars le baril (146,50 francs) avant de se replier
légèrement.

Cette ascension vertigineuse compromet la convalescence de
l'économie mondiale après la grave crise financière de l'été
dernier. Un rapport en octobre Les ministres du G8 ont demandé au
Fonds monétaire international (FMI) et à l'Agence internationale de
l'énergie (AIE) d'analyser les "facteurs réels et financiers
derrière le récent bond des prix du pétrole et leur
volatilité".

Des diagnostics différenciés

Le FMI leur remettra un rapport en octobre, à sa prochaine
assemblée générale. Les pays du G8, dont les diagnostics sur
l'accroissement des prix du pétrole diffèrent, espèrent que le FMI
tranchera entre ceux qui soupçonnent les spéculateurs d'être
largement responsables de la situation, et ceux qui accusent
exclusivement l'insuffisance de la production de brut.



"Ce n'est pas clair du tout. Nous avons besoin d'une étude pour
répondre à cette question", a expliqué le directeur général du FMI,
Dominique Strauss-Kahn, qui a accepté de mener cette enquête. Offre
insuffisante ou spéculation "Beaucoup d'opinions ont été exprimées.
Mais le sentiment partagé est que personne ne connaît réellement la
vérité", a résumé à l'issue de la réunion le ministre japonais des
Finances, Fukushiro Nukaga.

Patience et prudence

En attendant le verdict du FMI, le communiqué final du "G8
Finances" évite de prendre parti. Le marché du pétrole se porterait
mieux s'il existait "une plus grande transparence et fiabilité des
informations de marché, notamment les stocks (...), et la taille
des flux financiers qui font leur entrée sur le marché", est-il
écrit dans le texte pour satisfaire les tenants de la théorie de la
spéculation, parmi lesquels figurent l'Italie, l'Allemagne et la
France.



"Nous exhortons tous les pays producteurs à augmenter leur
production et à investir pour accroître les capacités de
raffinage", poursuit le texte du communiqué afin de faire plaisir
aux apôtres de la thèse de l'offre insuffisante, à savoir les
Américains et les Britanniques.



agences/hoj

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Des visions antagonistes

D'après le secrétaire américain au Trésor, Henry Paulson: "Toutes les preuves désignent l'offre et la demande" et blâmer exclusivement les spéculateurs est "dangereux".

"Nous commettrions une erreur si nous nous détournions du problème principal, et pensions qu'il existe des solutions rapides" face à la spéculation, a-t-il insisté.

L'Italie a proposé aux autres pays du G8 d'élever nettement les dépôts obligatoires pour les investissements sur les marchés à terme pétroliers, mais cette suggestion a été accueillie avec prudence.

La ministre française de l'Economie, Christine Lagarde, qui a émis l'idée d'une enquête du FMI, a jugé qu'il existait "un lien entre les marchés financiers et le prix à la pompe payé par chacun de nos citoyens".

"Si par le biais d'une meilleure information (...) on identifie des comportements spéculatifs" ou de manipulation des cours pétroliers, "cela nous permettra d'agir de façon plus efficace", a-t-elle noté.