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Les jeunes PLR ne veulent pas puiser dans les bénéfices de la BNS

Les jeunes PLR s'opposent à leurs aînés à propos de l'argent de la BNS: débat entre Anna Ludwig et Andreas Jurt
Les jeunes PLR s'opposent à leurs aînés à propos de l'argent de la BNS: débat entre Anna Ludwig et Andreas Jurt / Forum / 8 min. / le 28 janvier 2021
Les jeunes PLR romands se sont indignés jeudi de la proposition de leurs aînés, qui ont appelé mercredi la BNS à verser une partie de ses bénéfices pour aider à la sortie de crise. Ils y voient une attaque contre l'indépendance de l'institution.

Afin d'aider l'économie réelle à faire face aux conséquences de la pandémie de Covid-19, les sections romandes du PLR ont demandé mercredi à la Banque nationale suisse (BNS) de verser un montant supplémentaire de l’ordre de 4 milliards de francs aux cantons en 2021.

Cette revendication, portée de longue date par la gauche et prolongée désormais par la droite, accentue la pression sur la banque centrale, dont le bénéfice 2020 devrait atteindre 21 milliards, selon des chiffres provisoires.

Une hérésie pour les jeunes pousses libérales-radicales (JLR), qui s'opposent à leurs propres partis en Suisse romande. Selon elles, exiger une aide de la BNS serait "irresponsable", car cela pourrait créer un précédent qui mettrait en danger l'indépendance de la Banque centrale. Une indépendance qui figure au coeur des préceptes néolibéraux.

"Oublier le dogmatisme"

"La BNS n'est pas là pour réaliser ou distribuer des bénéfices", défend ainsi la présidente des JLR neuchâtelois Anna Ludwig jeudi soir dans Forum. Selon elle, "distribuer, ne serait-ce que ponctuellement, de l'argent de la BNS ouvre la porte à plein de revendications politiques et met en danger son indépendance et sa crédibilité".

Mais là n'est pas la question, rétorque Andreas Jurt, député PLR neuchâtelois. "Je ne veux pas toucher à la sacro-sainte indépendance de la BNS, mais aujourd'hui il y a un incendie, et il faut trouver des solutions intelligentes et créatives", estime ce dernier, appelant ainsi à "oublier toute orthodoxie ou dogmatisme politique".

Pour Anna Ludwig, il serait plus opportun de s'appuyer sur des ajustements de la clé de répartition de la péréquation financière, ainsi que sur l'endettement public. "Aujourd'hui, grâce à des années de frein à l'endettement, la Suisse peut emprunter à des taux très bas, parfois même négatifs." Selon elle, il s'agit désormais d'en profiter.

"Sauver le fédéralisme"

De son côté, Andreas Jurt estime au contraire que l'emprunt doit être réservé aux investissements productifs, et non à régler la facture d'une crise. Quant à la péréquation, il juge qu'il ne faut "surtout pas commencer à bricoler avec la répartition intercantonale", car "certains cantons contributeurs du côté alémanique grincent déjà des dents de devoir payer pour les cantons plus pauvres".

"Pour sauver le fédéralisme, il s'agit donc de trouver une solution élégante et intelligente", conclut-il, relevant par ailleurs que la somme demandée ne représente qu'une petite partie des quelque 118 milliards de réserves de la BNS.

jop

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