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Un WEF virtuel inédit se termine, pour quelle sortie de crise?

Le World Economic Forum, dans son édition virtuelle. [Keystone - Salvatore Di Nolfi]
Le World Economic Forum, dans son édition virtuelle. - [Keystone - Salvatore Di Nolfi]
La pandémie de coronavirus a plongé le monde dans sa pire récession depuis la crise de 1929. Évidemment, cette chute historique de la croissance planétaire a été au coeur des discussions d'un Forum économique mondial (WEF) virtuel qui se termine vendredi.

Les téléconférences ont été loin de remplacer le présentiel à Davos, car les rencontres discrètes et arrangements en coulisses de ces milliers de patrons et de politiciens représentent d'ordinaire une part majeure du WEF.

La présence de grandes personnalité est une autre part importante de l'événement grison. Or, cette année, à l'exception de discours sans grandes surprises de Xi Jinping, Angela Merkel ou Emmanuel Macron, le Forum n'a rien proposé d'historique. À l'exception d'une question récurrente: quelle sera la sortie de crise ?

Il en ressort principalement que la réponse à apporter à cette crise doit être globale. C'est le cas pour la vaccination. Selon les représentants de l'économie, les pays qui se vaccineraient au détriment des autres n'y gagneraient rien.

Hantise d'une explosion sociale

La réflexion est la même au sujet des inégalités accentuées par le Covid. Selon l'ONU, étude à l'appui, celles-ci sont mauvaises pour le business. Alors que le WEF évoque depuis 20 ans une "croissance inclusive" ou "plus égalitaire", cette crise sans précédent pourrait pousser les grands acteurs, dont l'administration américaine, à agir en ce sens.

Mais au-delà de l'intérêt économique, l'élite économique et politique a exprimé sa préoccupation face à l'exacerbation des violences sociales liées à l'aggravation des inégalités, documentée par le rapport annuel de l'ONG Oxfam.

>> Lire : "Le virus de l'inégalité" s'est étendu avec la pandémie, selon Oxfam

La crainte était palpable que celle-ci ne provoque une explosion sociale, et ce alors que les populations qui en sont victimes, échaudées par les restrictions, sont à fleur de peau. Des émeutes aux Pays-Bas à l'assaut sur le Capitole, en passant par le Liban ou Israël, de nombreux exemples sont venus l'illustrer.

Mais même dans la hantise d'une explosion sociale, il a été peu question, dans les débats, de solutions concrètes pour les réduire (voir encadré).

Une relance écologique ?

Enfin, sur la question du climat, l'idée que politiques climatiques et relance économique doivent aller de pair est de plus en plus partagée. Là encore, la nouvelle administration des Etats-Unis devrait jouer un rôle-clé.

Alors ce forum économique tronqué pourrait-il faire émerger une sortie de de crise plus redistributive et plus respectueuse de l'environnement? Difficile à dire à l'heure actuelle. En attendant, ce sont surtout les mesures de protection sanitaire et de soutien à l'économie qui sont la priorité des acteurs du WEF.

afp/jop avec Pascal Jeannerat

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Pas de taxation globale des plus riches en vue

"Plutôt que de verser des larmes de crocodile, les maîtres du monde feraient mieux de passer aux travaux pratiques", a réagi l'économiste Thomas Piketty auprès de l'AFP.  Ce spécialiste des inégalités plaide pour la mise en place d'un impôt universel "sur une partie des recettes fiscales acquittées par les acteurs économiques les plus prospères de la planète".

En attendant, seule l'Argentine a instauré en décembre "une contribution solidaire et extraordinaire pour atténuer les effets de la pandémie", soit un impôt unique sur "les 12'000 personnes les plus riches", qui vise à récolter quelque 3 milliards de dollars.

Le Réseau latino-américain pour la justice économique et sociale (Latindadd) propose d'étendre cette taxe à toute la région, ce qui permettrait de récolter au moins 26,5 milliards de dollars, assez pour garantir la distribution gratuite du vaccin contre le Covid-19 selon lui.

Mais peu de pays semblent prêts à suivre l'exemple argentin. Si Janet Yellen, la nouvelle secrétaire américaine au Trésor, a confirmé vouloir relever le taux d'imposition des entreprises à 28%, la France a exclu de rétablir l'impôt sur les grandes fortunes.

Elle mise plutôt sur l'adoption d'une taxation internationale sur les multinationales qui permettrait en particulier de faire payer les "Gafa", grands gagnants de la crise comme le montrent les gigantesques bénéfices publiés cette semaine par Facebook et Apple.