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La BCE relève ses taux face à l'inflation

Jean-Claude Trichet prend le risque du ralentissement.
Jean-Claude Trichet prend le risque du ralentissement.
Confrontée à une inflation record en zone euro, la Banque centrale européenne a décidé jeudi de relever d'un quart de point à 4,25% son principal taux directeur, alors que le pétrole a terminé sur un nouveau record à New York.

A Londres, l'euro restait stable à 1,5880 dollar après cette
décision largement attendue.

Le président de la BCE, le Français Jean-Claude Trichet, avait
déjà annoncé la couleur il y a un mois, quand il avait évoqué la
possibilité d'un tour de vis le 3 juillet pour juguler les dangers
de surchauffe inflationniste.

Renchérissement record

Entre-temps, l'augmentation des prix à la consommation a atteint
le seuil record de 4% sur un an en juin, selon un chiffre
provisoire, essentiellement à cause du pétrole cher et de l'envolée
des prix des aliments face auxquels la BCE est impuissante.



En remontant ses taux, elle veut toutefois éviter que ces tensions
persistantes ne contaminent l'ensemble de l'économie et se muent en
un dérapage durable des prix. Sa mission prioritaire consiste à
garder les prix stables à moyen terme, à savoir légèrement en
dessous de 2%.

Ralentissement conjoncturel

La pertinence d'un tour de vis monétaire a été mise en cause par
certains responsables politiques des pays membres de la zone euro,
dont l'Espagne et la France. De nouvelles statistiques publiées
jeudi illustrent en effet la santé défaillante de la conjoncture.
L'indice composite PMI de la zone euro, qui synthétise l'activité
des secteurs des services et manufacturiers, a été encore moins bon
que prévu en juin, montrant les premières baisses d'activité depuis
5 ans.



Et si les ventes de détail ont rebondi en mai, faisant mieux que
prévu avec une hausse de 1,2% sur un mois, cela ne compense pas les
piètres performances des mois précédents et ne marque pas, selon
des économistes, le début d'une relance de la consommation.



D'autres banques centrales ont déjà resserré les vis du crédit
pour combattre l'inflation. Jeudi, la Banque de Suède a relevé d'un
quart de point de pourcentage son taux directeur pour le porter à
4,50% et n'a pas exclu de le relever à plusieurs reprises cette
année. La Russie et le Brésil avait aussi remonté le leur en
juin.



afp/cab

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Le pétrole monte et le dollar descend

Les prix du pétrole ont terminé sur un nouveau record de clôture jeudi à New York, après avoir franchi le seuil de 145 dollars pour la première fois de son histoire, en raison des craintes persistantes sur l'offre.

Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" pour livraison a gagné 1,72 dollar, pour finir à 145,29 dollars. Il était monté lors des échanges électroniques d'avant-séance à 145,85 dollars, un record absolu.

Le baril brut a dépassé jeudi matin le seuil des 146 dollars à Londres.

La hausse est notamment nourrie par une diminution surprise des stocks de brut américains.

La faiblesse du billet vert pousse aussi les investisseurs qui veulent se prémunir contre l'inflation à se rabattre sur les matières premières.

Mercredi en soirée, l'euro était monté jusqu'à 1,5892 dollar pour un euro, un plus haut depuis le 24 avril, non loin de son record à 1,6019 dollar, atteint le 22 avril.

Bref mode d'emploi

Le taux directeur de la BCE (refinancement minimum), utilisé lors des opérations hebdomadaires de refinancement pour alimenter les banques en liquidités, est le véritable baromètre du coût du crédit dans les quinze pays qui ont adopté la monnaie unique européenne.

Les banques qui veulent se refinancer à court terme peuvent le faire en payant un intérêt sur la somme qu'elles empruntent auprès des banques centrales de leurs pays respectifs. Cet intérêt est calculé d'après le taux en cours à la BCE.

Les banques répercutent ensuite en principe ce loyer sur les intérêts des crédits qu'elles accordent à leurs propres clients.

Plus le taux de la BCE est bas, plus le coût du crédit a des chances d'être bon marché ce qui, en théorie, favorise la croissance.

A l'inverse, une hausse du taux du crédit permet théoriquement de ralentir la demande et par conséquent d'éviter une surchauffe génératrice d'inflation.