La perte de revenu due au renchérissement du pétrole et des
aliments doit être assumée par les entrepreneurs et les salariés, a
expliqué dans un entretien accordé à la "NZZ am Sonntag" Thomas
Jordan, membre de la direction générale de la BNS.
Les syndicats doivent être conscients qu'une entière
compensation du renchérissement entraînerait une poussée
inflationniste. "Nous devrions combattre un tel développement par
un durcissement de la politique monétaire qui s'accompagnerait par
une hausse des taux d'intérêt", souligne Thomas Jordan.
La spirale salaire-prix
Une telle évolution n'est dans l'intérêt ni des syndicats ni de
l'économie helvétique. Thomas Jordan fonde cette menace sur le
risque de spirale salaire-prix.
Lorsque l'on essaie de compenser les pertes réelles au travers
d'une augmentation des salaires nominaux, on se retrouve dans une
situation dans laquelle la demande est relancée, ce qui fait
repartir les prix à la hausse et entraîne une nouvelle perte de
salaire réel.
ap/ant
Pleine compensation "légitime" (USS)
Economiste en chef de l'Union syndicale suisse (USS), Daniel Lampart qualifie les propos issus de la BNS de "véritable affront". Ils émanent apparemment de personnes dont le niveau de revenu les coupe de la réalité vécue en Suisse, a expliqué Daniel Lampart.
Les négociations salariales ne sont d'ailleurs pas du ressort de la BNS, mais des partenaires sociaux. Compte tenu des bénéfices engrangés par les entreprises au cours des dernières années, la pleine compensation du renchérissement est légitime.
L'automne sera chaud (Seco)
Interrogé par le journal "Sonntag", le directeur du Secrétariat d'Etat à l'économie (Seco), Jean-Daniel Gerber, juge compréhensible la revendication des syndicats d'obtenir une pleine compensation du renchérissement. Mais celle-ci est difficile à réaliser pour une entreprise proche du déficit.
Jean-Daniel Gerber prédit un automne "chaud" en matière de négociations salariales. Le climat ne sera toutefois pas aussi tendu qu'au cours des années 1970. La compensation automatique avait alors entraîné une spirale salaire-prix, ce qui n'est heureusement plus le cas aujourd'hui.