"Les membres de l'OMC viennent d'accepter de nommer la Dr Ngozi Okonjo-Iweala comme prochain directeur général de l'OMC. La décision a été prise par consensus lors d'une réunion spéciale du Conseil général de l'organisation aujourd'hui", a annoncé l'OMC, une quinzaine de minutes après l'ouverture de la réunion. La Nigériane prendra ses fonctions le 1er mars et son mandat, renouvelable, expirera le 31 août 2025.
"Je suis honorée", a affirmé Ngozi Okonjo-Iweala après son élection. "Notre organisation est confrontée à de nombreux défis importants", a-t-elle insisté, avant d'appeler à une remise en marche de l'OMC, jugeant "essentiel" que l'institution soit "forte" pour surmonter la pandémie de Covid-19 et relancer l'économie mondiale.
La pandémie a justement mis à nu les fractures provoquées par la libéralisation du commerce mondial, de la trop grande dépendance à des chaînes de production éparpillées, aux excès de la délocalisation industrielle ou la fragilité des échanges commerciaux.
Des études aux Etats-Unis
Deux fois ministre des Finances et cheffe de la diplomatie du Nigeria durant deux mois, Ngozi Okonjo-Iweala a commencé sa carrière à la Banque mondiale en 1982, où elle a travaillé pendant 25 ans. En 2012, elle échoue à devenir la présidente de cette institution financière, face à l'Américano-Coréen Jim Yong Kim.
Si les statuts de l'OMC ne prévoient pas de rotation géographique pour le directeur général, des voix se sont élevées pour dire que c'était au tour d'un Africain ou d'une Africaine d'occuper le poste. Depuis sa création en 1995, l'OMC a été dirigée par six hommes: trois Européens, un Néo-Zélandais, un Thaïlandais et un Brésilien.
Souvent surnommée "Dr Ngozi", Ngozi Okonjo-Iweala est née en 1954 à Ogwashi Ukwu, dans l'Etat fédéral du Delta (ouest du Nigeria). Son père est un chef traditionnel. La candidate a cependant passé la majorité de sa vie aux Etats-Unis, où elle a étudié dans deux universités prestigieuses, le Massachusetts Institute of Technology (MIT) et Harvard.
Si son parcours universitaire et professionnel impressionne, la Dr Ngozi a aussi ses détracteurs, qui lui reprochent notamment de ne pas avoir fait davantage pour endiguer la corruption quand elle était à la tête des finances du pays le plus peuplé du continent africain.
Un long processus
Le processus de désignation d'un successeur au Brésilien Roberto Azevedo, parti un an avant la fin de son mandat pour raisons familiales, était dans l'impasse depuis l'automne. La nomination de Ngozi Okonjo-Iweala à la tête de l'OMC, institution quasi paralysée qui n'arrive plus à remplir sa mission, était attendue, après le retrait de la course le 5 février de sa seule autre rivale, la ministre sud-coréenne du commerce Yoo Myung-hee.
Cette dernière avait pris sa décision, après avoir consulté les Etats-Unis, qui sous Donald Trump, étaient son principal soutien. Après plusieurs mois de paralysie, l'administration Biden a préféré lever le principal obstacle à la nomination de la Nigériane, en apportant "son soutien appuyé" à la candidature de la Nigériane.
afp/vajo
Les louanges d'autres femmes au pouvoir
Sur Twitter, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a rapidement réagi à cette élection, écrivant qu'il s'agissait d'un "moment historique" et que "L'Europe vous soutient pleinement".
"Félicitations à mon amie Ngozi Okonjo-Iweala qui est devenue la première femme directrice générale de l'@omc. Je connais Ngozi depuis de nombreuses années. Sa forte volonté et sa détermination l'amèneront à promouvoir sans relâche le libre-échange au profit des populations du monde entier", a de son côté commenté Christine Lagarde, première présidente de la BCE et ex-première patronne du FMI.
Les félicitations de Guy Parmelin
Le président de la Confédération Guy Parmelin a félicité la nouvelle directrice générale de l'Organisation mondiale du commerce et lui a garanti sur les réseaux sociaux le "soutien de la Suisse".
Comme la Nigériane, Berne souhaite "améliorer le système commercial multilatéral" et "renforcer" le rôle de l'organisation comme autorité sur la politique commerciale.
Pour autant, la prochaine directrice générale n'a jamais caché sa volonté de réduire les barrières de la propriété intellectuelle pour garantir un accès des produits contre le coronavirus à tous les pays. La Suisse est opposée à des exceptions sur les brevets comme le souhaitent de nombreux pays.