L'initiative de Andrew Cuomo représente une nouvelle déconvenue
pour un établissement déjà très affaibli, qui compte parmi les plus
touchés au monde par la crise du «subprime» et est mis en cause par
le fisc américain.
Andrew Cuomo reproche à l'UBS d'avoir présenté, «de manière
erronée», à ses clients des produits financiers appelés ARS
(«auction-rate securities», voir ci-contre) comme
un placement dont ils pouvaient se désengager facilement s'ils
souhaitaient récupérer leurs fonds.
Milliards de dollars
«Nous voulons récupérer des milliards de dollars au nom des
clients de l'UBS et envoyer un message fort au reste de l'industrie
pour lui indiquer que ce genre de conduite trompeuse ne sera pas
tolérée», a expliqué le ministre. D'après lui, 50'000 clients sont
concernés, dont 7000 New-Yorkais.
«Aujourd'hui, les clients d'UBS se trouvent détenteurs de 25
milliards de dollars de titres 'illiquides' de long terme, résultat
de la conduite illégale et de la présentation frauduleuse de UBS»,
a affirmé Andrew Cuomo. «Ils veulent récupérer leur argent et mon
travail est de l'obtenir», a-t-il expliqué.
«Frustrant»
L'UBS a jugé «frustrant» le recours en justice, la banque
affirmant être en négociations avec les services de Andrew Cuomo
«pour restaurer la liquidité à nos clients détenteurs d'ARS», selon
un communiqué publié après l'annonce du ministre new-yorkais. «Si
l'UBS ne croit pas qu'un ou plusieurs de ses employés aient
enfreint la loi, nous avons trouvé des exemples de mauvais jugement
de la part de certains individus et étudions les mesures
disciplinaires appropriées», a ajouté l'établissement.
L'autorité de régulation des marchés du Massachusetts a déjà
déposé, fin juin, un recours en justice contre l'UBS, l'accusant
d'avoir trompé les investisseurs en décrivant les caractéristiques
de ces obligations et en se rendant coupable de conflit d'intérêts.
Cuomo a précisé que son recours peut demander la restitution de
fonds au nom de tous les clients américains de l'UBS détenteurs de
ces obligations.
Tentant de faire un geste, l'UBS a annoncé, le 16 juillet, qu'elle
comptait racheter jusqu'à 3,5 milliards de dollars de ces
obligations à ses clients aux Etats-Unis.
ats/bri
ARS: obligations mises en enchère
Les ARS sont des obligations dont le taux d'intérêt est réactualisé sur un rythme hebdomadaire ou mensuel par le biais d'un mécanisme d'enchères.
A chaque enchère, l'investisseur qui détient ces obligations peut s'en défaire, en les cédant à un autre, ce qui les rend théoriquement très «liquides» (faciles à vendre).
Mais la propagation de la crise financière a bloqué le mécanisme d'enchères courant février, le dysfonctionnement empêchant les investisseurs de revendre leurs obligations.
Un pavé de plus
L'établissement helvétique est de nouveau mis en cause par la justice américaine, quelques semaines seulement après la mise au jour de sa complicité dans les démarches d'évasion fiscale de milliers de ses clients américains.
L'UBS a indiqué depuis qu'elle mettait un terme aux opérations bancaires effectuées pour ses clients américains depuis l'étranger.
Ces démêlés avec la justice américaine s'ajoutent aux graves difficultés rencontrés par la banque depuis le début de la crise du «subprime», qui l'ont notamment contrainte à lever 28,9 milliards de francs pour se renflouer.