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Les paysans se font entendre à l'OMC

Le patron de l'OMC Pascal Lamy.
Le patron de l'OMC Pascal Lamy a été pris à partie par les paysans.
Les représentants des agriculteurs de 40 pays sont montés au créneau mardi, au 2e jour de la conférence ministérielle de l'OMC. Ils ont remis une déclaration de protestation au directeur de l'organisation Pascal Lamy.

Une délégation de 15 personnes, dont le président de l'Union
suisse des paysans (USP) Hansjörg Walter et son vice-président John
Dupraz, a été reçue par le patron de l'Organisation mondiale du
commerce. Parallèlement, la délégation américaine a présenté une
nouvelle offre de réduction de leurs subventions agricoles dans le
but de faciliter un accord (lire ci-contre).

Plusieurs critiques

Dans leur déclaration, les 40 organisations paysannes
signataires critiquent les propositions d'accord en discussion à
Genève. Selon elles, ces projets servent seulement les intérêts de
quelques gros exportateurs de produits agricoles.



Un très grand nombre d'exploitations agricoles familiales seront
acculées à la ruine, alors qu'elles sont le pilier des besoins
alimentaires sur le plan local. Les petits agriculteurs seront
sacrifiés sur l'autel du libre-échange, affirme le texte.

Contre la libéralisation

«La libéralisation des échanges ne peut résoudre ni la crise
alimentaire mondiale ni les problèmes d'environnement croissants»,
poursuivent les 40 organisations. «Elle ne fait que les exacerber»,
affirment-elles.



Un accord sur l'agriculture au terme de la semaine de négociations
à Genève «ne profiterait qu'aux grands pays exportateurs, tels que
les Etats-Unis, le Brésil et l'Australie, au détriment des petites
exploitations», soulignent les organisations.

Pas à n'importe quel prix

Elles exigent le droit pour chaque pays de produire des denrées
alimentaires lui permettant de nourrir sa propre population. Les
préoccupations spécifiques de chaque pays en matière de sécurité
alimentaire, d'écologie, de bien-être des animaux et d'espace rural
doivent être prises en compte.



Les organisations paysannes précisent qu'elles ne s'opposent pas à
un accord à Genève. Mais il ne doit pas se faire à n'importe quel
prix. L'OMC doit promouvoir l'agriculture au niveau mondial, et non
la détruire pour le profit de quelques-uns, alors que la hausse des
prix alimentaires rend de plus en plus difficile
l'approvisionnement des plus pauvres, concluent les représentants
paysans.



ats/cer

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Offre américaine

Les Etats-Unis ont présenté mardi à l'OMC une nouvelle offre de réduction de leurs subventions agricoles dans le but de faciliter un accord. Ils ont proposé de les plafonner à 15 milliards de dollars par an.. Les Etats-Unis acceptaient jusqu'ici de plafonner leurs subventions à 17 milliards de dollars par an.

La cheffe de la délégation américaine, Susan Schwab, a toutefois souligné que cette offre dépendait de concessions des autres partenaires de la négociation en matière d'accès au marché des produits agricoles et industriels.

La représentante américaine a précisé que le plafond de 15 milliards de dollars proposé a été dépassé au cours de sept des dix dernières années. «Il s'agit donc de coupes réelles dans 70% des cas», a-t-elle dit. En 2005, les subventions américaines s'étaient ainsi élevées à 18,9 milliards de dollars.

«Nous attendons de nos partenaires des offres similaires», a poursuivi Susan Schwab. «Il y a eu de bons signes dans les réunions du salon vert hier», a-t-elle indiqué. «Les délégations commencent à dire ce qu'elles peuvent faire plutôt que ce qu'elles ne peuvent pas faire», a-t-elle souligné.

Les réunions dans le salon vert regroupent une trentaine de ministres, dont la conseillère fédérale Doris Leuthard pour la Suisse, coordonnatrice du G10 (importateurs nets).

Plusieurs délégations ont réagi mardi de manière prudente à la nouvelle offre des Etats-Unis de plafonner leurs subventions à 15 milliards de dollars. Les pays émergents du G20 et l'UE ont estimé que Washington peut faire davantage.