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"Ecartée" à l'OMC, la Suisse se fâche

Le G10, que préside la Suisse, a été exclu des discussions.
Le G10, que préside la Suisse, a été exclu des discussions.
Ecartée provisoirement des négociations à l'OMC, la Suisse a exprimé jeudi sa mauvaise humeur. Le groupe des sept principales puissances commerciales a poursuivi de son côté ses efforts pour réduire des divergences importantes.

La cheffe du Département fédéral de l'économie (DFE) a accusé
Pascal Lamy, le directeur général de l'Organisation mondiale du
commerce (OMC), d'avoir changé de stratégie en cours de route et
d'exclure désormais un grand nombre de ministres des réunions
décisives du «salon vert» (green room).

«Vous avez demandé aux ministres de venir à Genève. Vous nous
avez demandé de prendre du temps, d'investir notre énergie dans le
processus, de négocier. Beaucoup de mes collègues et moi-même avons
répondu à votre appel», a déclaré jeudi matin Doris Leuthard devant
les délégations des 153 pays membres de l'Organisation mondiale du
commerce (OMC) en séance plénière.



«Or, vous avez changé le processus sans préavis et décidé de
négocier seulement dans un seul très petit groupe. Ce faisant, vous
avez relégué plusieurs d'entre nous dans la salle d'attente», a
affirmé la conseillère fédérale. «Cela me crée des problèmes
politiques car je ne suis pas capable de défendre pleinement les
intérêts de la Suisse et beaucoup de pays en développement sont
dans la même situation», a-t-elle ajouté.

Pays agricoles importateurs

Doris Leuthard a poursuivi en exprimant de «sérieux doutes» sur
la composition du groupe des Sept, auquel Pascal Lamy a réduit
depuis mercredi la négociation (Etats-Unis, Union européenne, Inde,
Brésil, Japon, Australie, Chine). Selon elle, il ne reflète pas les
intérêts de nombreux pays, dont ceux du G10, le groupe des pays
agricoles importateurs nets présidé par la Suisse. «C'est très
difficile pour moi de l'accepter», a insisté Doris Leuthard.



La ministre helvète a qualifié d'»inacceptable» le fait que la
question du plafonnement des droits de douane agricoles,
essentielle pour la Suisse, ait été discutée sans elle au sein du
groupe des Sept dans la nuit de mercredi à jeudi. Elle a aussi
regretté qu'aucune négociation ne se soit engagée sur une autre
question cruciale pour la Suisse, la protection des indications
géographiques, en raison de la résistance des pays qui y sont
opposés.



Doris Leuthera a exhorté Pascal Lamy à poursuivre le processus sur
une base élargie en incluant tous les ministres.



ats/bri

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Impression négative générale

Sept autres délégations, dont l'Indonésie, la Turquie, le Kenya, l'Egypte, l'Ile Maurice, ont fait chorus avec la Suisse et exprimé leur mauvaise humeur.

«Pascal Lamy a annoncé mercredi la création de plusieurs sous groupes. Mais en réalité il n'y en a qu'un seul», a expliqué le porte-parole du DFE Christophe Hans.

Alors que mercredi encore, la conseillère fédérale était relativement optimiste, son impression sur l'évolution des négociations est aujourd'hui «plutôt négative», a précisé Christophe Hans.

L'Inde, notamment, semble avoir pris des positions très fermes, hostiles à l'ouverture des marchés industriels. «On a l'impression d'être là pour trois mois», a-t-il lancé.

Le porte-parole du DFE s'attend à ce que la conférence dure au moins jusqu'à lundi, «à moins que d'ici là on décide d'arrêter les frais en constatant qu'il n'y a pas de base suffisante pour négocier un accord» sur le cycle de Doha.

Quelques progrès

Les négociations à sept (Etats-Unis, Union européenne, Inde, Brésil, Japon, Australie, Chine) ont permis quelques progrès, mais «les positions sont encore trop éloignées», a fait savoir le directeur général de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) Pascal Lamy.

Le groupe des Sept a repris en fin d'après-midi ses tractations à huis clos. Elle devaient se poursuivre une bonne partie de la nuit.

L'objectif est de parvenir à un accord équilibré entre les concessions que les pays riches devront faire en matière agricole, et celles que devront consentir les pays émergents en ouvrant leur marché aux produits industriels et aux services.