Dans son rapport sur l'emploi et les questions sociales, l'OIT souligne que ces plateformes offrent de nouvelles possibilités d'emploi, y compris pour les plus vulnérables. Mais leur modèle économique et social pose des questions.
Problème, les personnes qui travaillent avec ces plateformes doivent souvent payer des frais et une partie de leur labeur n'est souvent pas rémunérée. Selon le directeur général de l'OIT Guy Ryder, il est "extrêmement difficile" d'évaluer leur nombre, tant les statuts sont différents.
L'organisation a appelé mardi à Genève à une "réponse politique cohérente", à travers une concertation politique internationale. "Il faut d'urgence se confronter à cette situation", alerte Guy Ryder.
Certains pays ont montré que les gouvernements et les partenaires sociaux pouvaient oeuvrer pour mieux protéger les travailleurs actifs sur ces plateformes, estime-t-il.
Moins de deux francs de l'heure
Selon des investigations menées auprès de 12'000 travailleurs, l'OIT affirme que les défis sont liés aux conditions de travail, à la régularité de celui-ci et des revenus, et au manque d'accès à la protection sociale et à la liberté syndicale.
La moitié des personnes, qu'elles soient employées par les plateformes ou sous le statut d'auto-entrepreneurs, gagnent moins de deux dollars (environ 1,80 franc) par heure.
L'OIT cible également le décalage salarial entre hommes et femmes, que la pandémie "n'a fait qu'exposer encore plus" comme d'autres difficultés. Concurrence déloyale, manque de clarté sur les données et les prix, et commissions élevées sont notamment dénoncés.
Enfin, l'organisation du travail déplore aussi que répartition et évaluation du travail soient de plus en plus effectuées par l'intelligence artificielle (IA). Selon l'OIT, tous les travailleurs et travailleuses devraient pouvoir s'appuyer sur un statut clair, et la responsabilité de l'IA devrait être reconnue.
Enjeux macro-économiques internationaux
Par ailleurs, les entreprises sont souvent établies dans les pays du nord, tandis que leur force de travail vit principalement dans le sud, où ils sont en moyenne rémunérés à environ 60% de moins que dans les pays riches.
Les coûts et bénéfices des plateformes numériques ne sont pas répartis de manière égale dans les différents pays. Au total, 96% des investissements sont observés en Asie, dans le nord du continent américain et en Europe. Et 70% des revenus se concentrent aux Etats-Unis et en Chine.
ats/jop