De 147,27 dollars le 11 juillet, le baril de pétrole est passé à
environ 115 dollars vendredi à New York. Il s'est ainsi déprécié de
plus de 21% en l'espace de quatre semaines. Dans la foulée, la
plupart des prix des matières premières, qui ont bénéficié du boom
de l'or noir, sont descendus de leurs sommets: l'once d'or est
passée de 1000 à 800 dollars, les denrées agricoles ont lâché entre
25 et 40% et le litre d'essence à la pompe a perdu environ 6%.
"Le pétrole est à un tournant. S'il est exagéré de parler de
l'éclatement d'une bulle, parce qu'il n'y en a jamais eu une, on
peut dire qu'on assiste à une pause", affirme Ellis Eckland,
analyste indépendant basé à Chicago.
Offre et demande
Pour James Williams de WTRG Energy, la loi de l'offre et de la
demande a repris le dessus. "Les investisseurs tiennent enfin
compte du ralentissement économique mondial. La baisse des prix va
se poursuivre", juge-t-il. L'affaiblissement de la croissance
économique affecte de manière importante la consommation
énergétique dans les pays industrialisés, font observer les
analystes.
Les automobilistes américains, gros consommateurs de carburant,
ont par exemple conduit trois fois moins au mois de mai comparé à
la même période un an plus tôt. Cette tendance devrait s'étendre
dans les pays émergents où la remise en cause des subventions sur
les carburants va contraindre les consommateurs à moins remplir
leurs réservoirs.
Hausse des réserves
A l'inverse, les stocks pétroliers, qui avaient fondu au début
de l'année, sont en train de se reconstituer. Premier consommateur
mondial, les Etats-Unis voient leurs réserves de brut s'étoffer
depuis quelques semaines.
"Les investisseurs avaient surréagi quand ils s'étaient rendu
compte que la demande avait augmenté et que l'inflation avait
bondi. Quand les spéculateurs ont vu que les prix s'étaient
envolés, ils ont surenchéri à leur tour. Maintenant que la
croissance mondiale faiblit, le marché surréagit dans le sens
inverse", résume Daniel Katenberg de Oppenheimer.
Pris de court par la flambée historique des prix, les analystes
avaient dans la précipitation révisé à la hausse leurs objectifs de
prix pour 2008, allant jusqu'à évoquer un baril à 200 dollars dans
les six mois à venir.
agences/hoj
Nouveau scénario
Les scénarios prédisant un baril de brut à 200 dollars sont désormais remplacés par une fourchette plus modeste, oscillant entre 80 et 110 dollars le baril d'ici la fin de l'année.
Mais le retour au premier plan des problèmes sur les approvisionnements énergétiques pourrait de nouveau sonner un renchérissement des prix, mettent en garde les analystes.
Menaces iraniennes, reprise économique
Les experts craignent une escalade des tensions entre les Etats-Unis et l'Iran sur le programme nucléaire de Téhéran, qui pourrait remettre en cause le matelas des réserves mondiales jugé étroit, relève Antoine Halff de Newedge Group.
L'Iran, deuxième producteur au sein de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), a averti qu'il fermerait le détroit d'Ormuz par où transitent 40% des exportations mondiales de brut si ses intérêts étaient menacés.
L'explosion des économies chinoise et indienne et le redémarrage de la croissance dans les pays industrialisés en 2009 pourraient aussi relancer la demande.