La décision de Pékin tranche avec l'optimisme de nombreux analystes. Remise du Covid, l'économie chinoise a repris des couleurs au fil des mois. Le Fonds monétaire international annonçait il y a peu une prévision de croissance de 8,1% en 2021 pour la Chine, seul pays du G20 à avoir affiché une croissance positive (+2,3%) l'an dernier. En optant pour une cible beaucoup plus modeste, les dirigeants du parti communiste affichent une certaine retenue.
Objectifs à atteindre
Depuis des décennies, Pékin gouverne son économie en imposant des objectifs chiffrés à atteindre. Les provinces et les différentes régions sont ensuite chargées de mettre en oeuvre les efforts nécessaires pour les réaliser. Or sur fond de reprise, une cible trop ambitieuse aurait pu avoir des effets néfastes sur la dette, certains responsables locaux étant susceptible de réaliser des investissements excessifs pour gonfler leur PIB.
En adoptant un taux de croissance moins élevé, le gouvernement central espère relâcher un peu la pression et permettre aux régions de franchir l'obstacle sans les surcharger financièrement. L'approche devrait permettre de favoriser une croissance axée sur la qualité plutôt que sur la quantité.
Tensions entre économie et environnement
Cette stratégie pourrait s'avérer cruciale au moment où Xi Jinping s'est engagé à intensifier sa lutte contre la pollution. En septembre dernier, le président chinois a en effet promis d'atteindre la neutralité carbone d'ici 2060. Sa promesse risque toutefois d’être mise à mal par les tensions entre économie et environnement.
"Depuis la seconde moitié de 2018, le ralentissement de l’économie, la guerre commerciale et désormais la pandémie ont amené certaines régions du pays à soutenir leur économie via l'intensification d'activités industrielles gourmandes en énergie. On assiste ces dernières années à un rebond des émissions", déplore Ma Jun, écologiste et consultant basé à Pékin.
Outre un objectif de croissance modéré, le gouvernement central doit également encadrer l'économie par des mesures d’accompagnement visant à atteindre ses objectifs environnementaux. Depuis l’annonce surprise de Xi Jinping l'automne dernier, aucune mesure concrète n’a été présentée par le pouvoir. Une transformation profonde de l'économie est pourtant nécessaire pour respecter l'engagement.
"Les grandes lignes du futur plan quinquennal devront contenir des mesures précises pour inciter les différentes régions à couper dans leurs émissions carbones aussi vite que possible", admet Ma Jun qui espère beaucoup du projet de planification politique et économique des 5 prochaines années. Le plan directeur 2021-2025 sera adopté par les 3000 députés la semaine prochaine.
Michael Peuker