Même s'il est probable que ces enveloppes ne seront pas
intégralement consommées, le sauvetage de Fannie Mae et Freddie Mac
s'annonce ainsi comme l'un des renflouements par les pouvoirs
publics de sociétés privées les plus coûteux jamais menés dans
l'histoire de la finance mondiale.
L'importance de la somme est destinée à montrer "le fort
engagement" de l'Etat envers les créanciers et les investisseurs en
titres de deux établissements", s'est défendu le secrétaire au
Trésor Henry Paulson, dont le parti est a priori hostile au
sauvetage de sociétés privées par l'Etat.
Au début de l'été, l'Etat fédéral avait déjà apporté un soutien
aux deux compagnies. Un soutien essentiellement verbal, que Henry
Paulson avait comparé à un bazooka, qu'on montre mais dont on ne se
sert pas. Mais, selon la presse, un examen approfondi des comptes
de Freddie Mac, et dans une moindre mesure, de Fannie Mae, a révélé
des irrégularités comptables et une situation financière plus
précaire qu'estimée jusqu'ici.
Un risque pour le système
Henry Paulson a estimé que les deux compagnies présentaient
désormais un risque pour la solidité du système financier, qu'il
appartenait à l'Etat fédéral de corriger, en raison des
"ambiguïtés" de leur fonctionnement qu'il a longtemps
tolérées.
Dans la limite des 100 milliards de dollars fixée, le Trésor
apportera des capitaux frais aux deux institutions, au fur et à
mesure, en fonction de leurs besoins. Cette formule, a-t-il dit,
"est le moyen le plus efficace pour éviter un risque systémique et
contient des dispositions pour protéger le contribuable" en cas de
faillite des deux entreprises. Le Trésor sera ainsi prioritaire en
cas de liquidation de Fannie et Freddie.
La direction des deux compagnies a été évincée et leur gestion
sera désormais assurée par des dirigeants nommés par le régulateur.
Fannie Mae et Freddie Mac détiennent ou garantissent plus de 5000
milliards de dollars de titres hypothécaires, soit plus de 40% de
l'encours des prêts immobiliers accordés aux Etats-Unis.
Le plan de M. Paulson prévoit une énorme cure d'amaigrissement
pour les deux sociétés qui devront réduire la taille de leur bilan
de 10% par an à partir du 31 décembre 2009.
afp/bri
Deux piliers du refinancement
Fannie Mae et Freddie Mac, les deux piliers du refinancement hypothécaire aux Etats-Unis, assurent depuis quarante ans la fluidité du marché du crédit immobilier américain en rachetant des prêts aux banques.
De leurs vrais noms Federal National Mortgage Association (Fannie Mae) et Federal Home Loan Mortgage Corporation (Freddie Mac), les deux établissements sont des sociétés privées, qui ne sont pas liées formellement à l'Etat américain mais disposent d'une ligne de crédit garantie par ce dernier.
Cette facilité leur permet d'emprunter de l'argent sur le marché à des taux bien plus faibles qu'une banque. Tous deux usent de cette capacité pour remplir leur mission, à savoir racheter des prêts immobiliers aux établissements de crédit qui les ont souscrits. Ils garantissent ainsi le maintien d'une offre de crédit à des conditions plus favorables que si le marché se régulait seul. Aucune des deux sociétés ne consent directement des prêts à des particuliers.
Créé en 1938 en tant qu'établissement public sous l'impulsion du président américain Franklin Roosevelt, pour contribuer à sortir de la Grande Dépression, Fannie Mae est passé sous statut privé en 1968. Freddie Mac est lui né d'une loi votée par le Congrès en 1970, pour répondre à l'expansion du marché hypothécaire.
Freddie Mac et Fannie Mae n'ont pas été épargnés par l'effondrement conjoint des marchés de l'immobilier américain et du crédit, survenus il y a un peu plus d'un an. En un an, les actions Freddie Mac et Fannie Mae ont perdu 90% de leur valeur à la Bourse de New York.