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La BNS opte pour le statu quo monétaire

BNS
Vidéo: Jean-Pierre Roth sur "la 1ère grande crise financière"
Conformément aux attentes des experts, la Banque nationale suisse (BNS) a décidé jeudi de laisser inchangée la marge de fluctuation de son taux de référence, le Libor à trois mois, la maintenant à 2,25%-3,25%.

Ce statu quo, annoncé par communiqué , avait déjà été décidé
en mars et en juin. Jusqu'à nouvel avis, la BNS, qui est montée au créneau pour enrayer la
panique sur les bourses, entend maintenir le Libor à trois mois
dans la zone médiane de marge de fluctuation, soit 2,75%, a-t elle
indiqué jeudi lors d'une conférence téléphonique.

La situation sur les marchés financiers est "préoccupante", note
la BNS. Le ralentissement économique, qui s'est d'abord manifesté
aux Etats-Unis, s'étend désormais à l'Europe et, dans une moindre
mesure, aux pays émergents. L'économie helvétique évolue toutefois
conformément aux attentes de la Banque nationale.



La croissance a fléchi durant le 1er semestre, alors qu'elle
atteignait encore 3,3% en 2007. La Banque nationale suisse
maintient ainsi sa prévision d'une croissance du produit intérieur
brut réel située entre 1,5% et 2% pour 2008.

Economie robuste

L'économie suisse est restée relativement robuste en dépit de la
dégradation de la conjoncture mondiale, constate la BNS. La
contraction de l'activité dans la finance continue néanmoins de
peser sur la croissance. Un ralentissement se manifeste de manière
plus large dans l'industrie manufacturière et la construction. Le
ralentissement devrait se poursuivre ces prochains mois, relève la
BNS.



Alors que le renforcement du franc était en passe de redevenir une
préoccupation, la Banque nationale se veut rassurante quant à
l'évolution des conditions monétaires. Celles-ci sont demeurées
pratiquement inchangées. En dépit des turbulences financières, le
franc est resté relativement stable.



La crise n'a eu pour l'instant aucune répercussion sur l'octroi
des crédits domestiques, rapporte la BNS. Le taux de croissance des
crédits hypothécaires atteignait 3,6% en juillet. Toutefois, "un
ralentissement de la croissance des autres crédits, spécialement
des crédits non couverts, semble se dessiner", note la Banque
nationale.

Inflation passagère

L'appréciation de l'institut monétaire sur l'inflation n'a que
peu évolué. En juin, il affirmait déjà que la hausse des prix
n'était qu'un phénomène passager, lié à la flambée des prix du
pétrole. La banque centrale table toujours sur un renchérissement
de 2,7% pour 2008. Elle a toutefois relevé sa prévision pour 2009,
de 1,7% à 1,9%.



D'après la BNS, il ne s'agit que d'une "adaptation technique". Les
perspectives à moyen terme restent essentiellement les mêmes. Le
ralentissement attendu de la conjoncture exercera un effet
modérateur. L'impact de la hausse du prix du pétrole s'estompera
progressivement, poursuit la BNS.



La Banque nationale insiste sur le fait que toutes ses prévisions
sont entachées d'un fort degré d'incertitudes. "L'ampleur, la
durée, l'impact de la crise financière internationale sont
difficiles à estimer", concède-t-elle.

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Pour Pierre Mirabaud, la place financière helvétique est saine

L'année 2008 sera à coup sûr l'"annus horribilis" de la finance, a déclaré jeudi Pierre Mirabaud en préambule de la Journée des banquiers suisses organisée à Berne.

La "réputation internationale de notre place financière est intacte, même si les titres de journaux affirment le contraire", a-t il indiqué, plaidant pour un retour au bon sens.

Pierre Mirabaud a par ailleurs qualifié de "scénario catastrophe" une éventuelle fusion entre UBS et Crédit Suisse. Une telle opération n'est pas envisagée, a-t-il ajouté.

Selon lui, l'important engagement des investisseurs étrangers dans UBS est un "indice très positif de la qualité de notre système bancaire". "A l'étranger, la Suisse n'est pas nécessairement identifiée à la crise financière".

Les actifs sous gestion en Suisse au premier semestre 2008 sont passés sous la barre des 5000 milliards de francs, a indiqué jeudi l'Association suisse des banquiers.

En 2007, les bénéfices cumulés des banques de Suisse ont reculé de 3,1% à 70,7 milliards de francs. Réalisée en août, l'enquête affichait une grande prudence sur les pronostics pour la fin de l'année.

Syndicats déçus par une décision attendue

Pour les économistes, la décision de la BNS est logique, dans la mesure où la Suisse résiste pour l'heure mieux que ses voisins au ralentissement conjoncturel et que l'inflation n'est pas un sujet brûlant.

Les syndicats ont toutefois exprimé leur déception. La BNS aurait dû abaisser ses taux, selon le chef économiste de l'Union syndicale suisse (USS), Daniel Lampart.

D'après lui, il y avait besoin d'agir, alors que les risques d'un net refroidissement conjoncturel sont plus forts que jamais.