Réunis en assemblée générale à Milan, les actionnaires de la
Compagnie aérienne italienne (Cai), présidée par le PDG de Piaggio,
Roberto Colaninno, ont voté à l'unanimité un retrait de leur offre,
un grave revers pour Silvio Berlusconi, qui s'était fortement
engagé dans ce dossier.
Opposition des syndicats
"La dramatique situation d'Alitalia, bien pire que celle qui
prévalait au moment d'autres offres de reprise dans le passé, ne
permet pas d'allonger encore les discussions qui ont été
approfondies et ont permis de nombreuses concessions", a expliqué
la Cai dans un communiqué, exprimant sa "profonde
désillusion".
La Cai avait conditionné le maintien de l'offre à un "consensus"
entre les syndicats. Mais six d'entre eux, dont la CGIL, première
confédération syndicale italienne, et les organisations de pilotes
et de personnel navigant ont réclamé de nouvelles négociations de
dernière minute. Les trois autres confédérations, UIL, CISL et UGL,
avaient dit oui dès mercredi.
La précédente tentative de reprise d'Alitalia s'était déjà soldée
par un échec en avril, la compagnie franco-néerlandaise Air
France-KLM ayant retiré son offre face à l'hostilité des syndicats.
"Il n'y a pas d'alternative, si nous ne signons pas aujourd'hui,
nous sommes face à la faillite", avait averti jeudi le ministre des
Transports, Altero Matteoli.
Echec pour Berlusconi
Une faillite de la compagnie nationale italienne serait un grave
revers pour Silvio Berlusconi. Très opposé au rachat par Air
France-KLM, il s'était engagé à trouver des repreneurs italiens, au
nom de la défense de l'identité nationale. "La situation est
dramatique, nous pourrions être au bord du précipice", a-t-il
déclaré jeudi.
Le président du Conseil a jeté la faute sur les syndicats
réfractaires. "Il est évident qu'il y a de grosses responsabilités,
surtout de la part de la confédération CGIL et des syndicats de
pilotes", a-t-il ajouté. Silvio Berlusconi avait accusé la CGIL
d'être pilotée par l'opposition de gauche afin de torpiller la
négociation.
"Plutôt que de chercher des boucs-émissaires, le gouvernement et
le président du Conseil doivent assumer leurs propres
responsabilités", a rétorqué le secrétaire général de la CGIL,
Guglielmo Epifani.
agences/dk
Déclin inéluctable pour la compagnie
Toujours détenue à 49,9% par l'Etat, Alitalia, insolvable, a été placée fin août sous administration extraordinaire. La compagnie vit sous perfusion grâce à un prêt de l'Etat de 300 millions d'euros et ses caisses se vident.
Le retrait de l'offre de rachat condamne inéluctablement Alitalia à la faillite et au licenciement de tous ses salariés. Les premières mesures de chômage technique ont été prises jeudi pour plus de 4000 personnes.
La compagnie emploie environ 11'000 personnes après avoir transféré 8300 personnes en 2006 dans une nouvelle entité baptisée Alitalia Servizi, regroupant les services de maintenance, et chapeautée par une holding publique.
L'Etat italien, qui a englouti 5 milliards d'euros lors des quinze dernières années dans la compagnie ne pourra plus dépenser d'argent public pour la sauver. La dette d'Alitalia, qui perd 3 millions d'euros par jour, est d'environ 1,2 milliard d'euros.
Le plan de la Cai, qui était prête à mettre un milliard d'euros sur la table, prévoyait la reprise des activités de transport de passagers et de 12'500 salariés d'Alitalia et d'Air One, deuxième compagnie italienne avec laquelle elle devait fusionner, alors que 3250 postes devaient être supprimés.