Même s'ils ont tous fait part de leurs préoccupations lors du
débat urgent devant le Conseil national, les partis divergent sur
les causes.
Tant le camp rose-vert que l'UDC ont pointé du doigt l'ouverture
du marché, mais ils en tirent des conclusions diamétralement
opposées. Si le premier estime qu'on est allé déjà trop loin, la
seconde juge que la situation actuelle plaide en faveur d'une
accélération.
«Il est clair que la concurrence ne peut pas fonctionner, car il
n'est pas rentable de construire plusieurs réseaux électriques en
parallèle», a insisté Roger Nordmann (PS/VD). Le président des
socialistes Christian Levrat en a profité pour mettre en garde
contre une privatisation de La Poste, Swisscom ou des CFF. «Elle
aura les mêmes effets», a prédit une nouvelle fois le
Fribourgeois.
Soutien aux énergies vertes dénoncé
Le maintien d'une situation de monopole et de la régulation est
à l'origine de l'augmentation des prix du courant, a rétorqué
Sylvia Flückiger. Comme plusieurs orateurs de droite, l'UDC
argovienne s'en est aussi prise aux prélèvements visant à
développer les énergies renouvelables.
Moritz Leuenberger a renvoyé dos à dos les détracteurs de la
libéralisation. Aussi longtemps que la commission de l'électricité
(Elcom) ne s'est pas penchée sur la problématique, il n'y a pas
lieu à ses yeux de revenir sur la loi adoptée par le
Parlement.
Quatre facteurs contribuent à la crise: les tensions sur le front
de l'offre énergétique, la hausse des taxes de concession perçues
par les communes, des surcoûts liés à l'utilisation du réseau et la
promotion des énergies vertes. Or, seuls les deux derniers éléments
ont un lien avec la libéralisation, a fait valoir le ministre de
l'énergie.
Electriciens critiqués
Toutefois, si le supplément de 0,45 centime par kWh pour les
énergies renouvables a une influence «ridicule» dans cette affaire
(3% environ), il n'en va pas de même de l'attitude des
électriciens, a-t-il souligné.
Moritz Leuenberger aura prochainement des discussions avec les
producteurs d'électricité, les gestionnaires de réseau, les cantons
et les communes. Il entend les inciter à éviter des hausses
excessives du prix de l'électricité. Il n'y a pas de raison de
suspendre la mise en vigueur en 2009 de la loi sur
l'approvisionnement en électricité car, d'ici là, l'Elcom aura
tranché les cas litigieux, a assuré le chef du DETEC. Les effectifs
de la commission seront d'ailleurs augmentés.
Nouvelles centrales
A terme, le PRD n'a pas caché qu'il préfère miser sur la
production indigène pour garantir l'indépendance énergétique de la
Suisse, avec à la clé la construction de grandes centrales
supplémentaires, y compris nucléaires. Il s'agit du moyen le plus
approprié pour que, malgré la hausse, la facture des consommateurs
reste moins salée en Suisse qu'à l'étranger, selon ses
représentants.
Le Conseil des Etats s'est aussi inquiété de l'augmentation du
prix de l'électricité. Il a exigé du gouvernement un rapport
présentant des scénarios et des alternatives pour l'avenir.
agences/lan
Swissgrid sous les critiques
Moritz Leuenberger a également critiqué Swissgrid. D'après lui, des «dysfonctionnements formels» ont entaché les décisions de la société nationale pour l'exploitation du réseau à haute tension.
Le conseiller fédéral a observé que le nouveau président de Swissgrid, Hans Schweickardt, était aussi le patron du groupe EOS.
Or, il est stipulé que cette fonction doit être assumée par une personne indépendante de l'économie électrique.
Autre remarque de Moritz Leuenberger concernant Swissgrid, le Conseil fédéral n'a pas encore approuvé l'article des statuts concernant sa commission technique. C'est pourtant cette commission technique qui a annoncé des hausses de prix pour l'utilisation du réseau.
Il y a là peut-être un vice de forme. Mais dans ce cas aussi, il appartient à l'ElCom de statuer.
Plus de 800 usines en Suisse
Moritz Leuenberger a encore précisé qu'il y avait 821 usines électriques en Suisse et que sur ce nombre, 70 seulement ont annoncé une augmentation des tarifs, entre 12% et 15%.
Il est vrai que certaines procéderont à des hausses sans les avoir annoncées.
A ce propos, le ministre de l'énergie est d'avis que les hausses non annoncées au préalables pourraient être refusées.
Mais il s'est empressé de rappeler que cela était de la compétence de la Commission fédérale de l'électricité (ElCom).