Première application de rencontre au monde, Tinder comptabilise 60 millions d'utilisateurs et d'utilisatrices. Et durant la pandémie, les jeunes, privés de sorties et de contacts, se sont précipités sur l’application à la flamme rose.
"Énormément de mes proches se sont mis sur Tinder, c'est la dernière option pour rencontrer des gens", confirme Nina, 19 ans, interrogée par TTC. Pour d'autres, plus âgés, les rencontres en ligne sont également le moyen de pallier la solitude durant les périodes de confinement et de difficultés en tous genres.
Et le "géant de l'amour" a su s'adapter à la pandémie. Conversations vidéos, envoi de fleurs, création de groupes, l'application a été particulièrement inventive pendant le confinement.
Le business du swipe
Ainsi, au cours de l'année 2020, Tinder a observé une augmentation de 11% de ses "swipes" et de 42% de matchs par utilisateur, a confirmé le service de presse de la plateforme américaine à TTC.
Le swipe, c'est ce geste, généralisé par Tinder et devenu un véritable phénomène de société, de faire défiler vers la gauche ou la droite les profils sur un écran de smartphone. A droite, pour indiquer qu’on aime une personne; à gauche pour la supprimer. Si deux personnes s'apprécient mutuellement, ça fait un match.
Application gratuite, Tinder tire cependant une grande partie de ses revenus des options payantes. Payer un abonnement permet de "swiper" de manière illimitée, ou encore de découvrir qui a apprécié son profil et d'étendre ses recherches sans limitation géographique.
D'après la doctorante de l'EPFL Jessica Pidoux, spécialiste de l'algorithme de Tinder, la plateforme revend également les données personnelles de ses utilisateurs à des annonceurs.
Mais le business est risqué, selon de nombreux experts. Grindr, application de rencontres homosexuelles, a récemment dû payer 10 millions d'euros en Norvège pour avoir divulgué l'orientation sexuelle de ses utilisateurs et leur localisation précise à plus de 300 entreprises.
Marché en pleine expansion
L'application fait partie d'un gigantesque groupe, Match Group, qui possède 45 sites et applications de rencontres, dont Meetic ou encore OkCupid. Preuve du succès de la conquête amoureuse numérique, l'action du groupe Match Group a triplé en une année, passant de 50 à 165 dollars.
Tinder à lui seul représente 60% des revenus du groupe. Il est numéro un en Europe du Nord, aux Etats-Unis, au Canada, en Inde et dans une grande partie de l'Asie.
Le marché de la rencontre numérique est en plein essor au niveau mondial. Le chiffre d'affaires annuel global du secteur était de 2,6 milliards de dollars en 2017, et pourrait atteindre cinq milliards en 2025, selon l'analyste financier John Plassard, vice-directeur de la Banque Mirabaud.
Nathalie Randin/jop