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La crise sera durable, prévient Sarkozy

Nicolas Sarkozy appelle à une remise à plat du capitalisme.
Nicolas Sarkozy appelle à une remise à plat du capitalisme.
Nicolas Sarkozy a prévenu jeudi que la crise financière aurait des conséquences de longue durée sur la croissance et le chômage, et appelé à une remise à plat du capitalisme, qui ne rejette pas l'intervention des Etats.

"Dire la vérité aux Français, c'est leur dire que la crise
actuelle aura des conséquences dans les mois qui viennent sur la
croissance, sur le chômage, sur le pouvoir d'achat", a déclaré le
président français, lors d'un discours à Toulon (sud-est). La crise
financière a accentué le ralentissement de la croissance française.
Le gouvernement n'attend plus que 1% cette année et 1% l'année
prochaine, contre une précédente prévision comprise entre 1,75% et
2,25%.

L'ampleur des déficits publics n'autorise pas de politique de
relance, alors que le budget pour l'année 2009 doit être présenté
vendredi par le gouvernement. Le chef de l'Etat français a aussi
voulu rassurer les épargnants en assurant que, comme
l'administration américaine, le gouvernement français n'hésiterait
pas intervenir pour garantir la stabilité du secteur bancaire.
"C'est un engagement solennel que je prends ce soir.

"L'Etat répondra présent"

Quoi qu'il arrive, l'Etat garantira la sécurité et la continuité
du système bancaire et financier français", a déclaré Nicolas
Sarkozy, qui rentrait tout juste de l'assemblée générale de l'ONU à
New York, et ne s'était pas encore exprimé sur les conséquences
pour la France de la crise financière.



"Si elles (les banques) devaient êtres mises en difficulté par la
spéculation, je n'accepterais pas qu'un seul déposant perde un seul
euro parce qu'un établissement financier se révèlerait dans
l'incapacité de faire face à ses engagements", a-t-il ajouté. Le
dirigeant français a estimé que la crise avait ouvert la porte à
une plus grande implication des Etats dans le système financier,
aussi bien au niveau national qu'au niveau mondial.



"Quand le contribuable américain s'apprête à dépenser mille
milliards de dollars pour éviter la faillite généralisée, il me
semble que la question de la légitimité des pouvoirs publics à
intervenir dans le fonctionnement du système financier ne se pose
plus", a-t-il déclaré. Il a affirmé que la chancelière allemande
Angela Merkel soutenait sa proposition d'un sommet des chefs d'Etat
des grandes puissances, juste après les élections américaines, pour
remettre à plat la finance mondiale.

Appel lancé vers l'UE

"Je suis convaincu que le mal est profond
et qu'il faut remettre à plat tout le système financier et
monétaire mondial, comme on le fit à Bretton Woods après la Seconde
Guerre mondiale, afin de créer les outils d'une régulation mondiale
que la globalisation et la mondialisation des échanges rendent
nécessaires", a-t-il dit.



Et il a appelé l'Union européenne à prendre sa part dans cette
remise en question, en revenant sur certains de ses "dogmes".
"J'appelle l'Europe à réfléchir sur sa capacité à faire face à
l'urgence, à repenser ses règles, ses principes, en tirant les
leçons de ce qui se passe dans le monde. Elle doit se donner les
moyens d'agir quand la situation l'exige et non se condamner à
subir", a-t-il déclaré. Le président français a estimé que l'UE
devait "engager une réflexion collective sur sa doctrine de la
concurrence" ainsi que "sur les objectifs assignés à la politique
monétaire".

Hollande critique

Pour parvenir à une moralisation du système capitaliste, qu'il
appelle de ses voeux, le président français a proposé une mesure
concrète: l'encadrement avant la fin de l'année des salaires des
patrons et des opérateurs financiers en France ainsi que de la
pratique des "parachutes dorés". Il s'agit des indemnités de départ
versées aux patrons, même lorsqu'ils ont échoué. "Ou bien les
professionnels se mettent d'accord sur des pratiques acceptables,
ou bien le gouvernement règlera le problème par la loi avant la fin
de l'année", a-t-il ajouté.



Dans une première réaction, le secrétaire général du PS François
Hollande a critiqué le discours du président. "Reconnaître les
méfaits du capitalisme, que ne l'avait-il dit il y a plusieurs mois
alors que sa politique a été une politique libérale faisant
aveuglement confiance au marché? Je me suis demandé un moment si
Nicolas Sarkozy n'était pas encore en campagne », a-t-il
déclaré.



afp/ps

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L'Irlande en récession

L'Irlande est officiellement le premier pays de la zone euro a entrer en récession depuis le début de la crise. L'éclatement de la bulle immobilière a ainsi mis fin à 25 ans de croissance ininterrompue.

Le produit intérieur brut (PIB) irlandais a diminué de 0,8% au deuxième trimestre par rapport à la même période de l'an dernier. Il avait déjà reculé de 1,3% (revu en hausse de 0,2 point) au premier trimestre comparé à un an plus tôt.

D'un trimestre à l'autre, il s'est contracté de 0,5% sur avril juin après un recul de 0,3% sur janvier-mars. Selon ces chiffres officiels publiés par l'Office central de la statistique (OCS) jeudi, le PIB irlandais a ainsi reculé pour le deuxième trimestre consécutif, ce qui correspond à la définition technique d'une récession économique.

Cette statistique irlandaise est publiée plus tard qu'ailleurs dans l'Europe des 15. Mais les analystes craignent que d'autres pays n'entrent en récession à l'occasion des chiffres du troisième trimestre et alors que la crise financière internationale commence à peser sur l'activité.

Une récente enquête Reuters a évalué à 40% la probabilité que la zone euro dans son ensemble connaisse une récession, au sens technique, dans les douze prochains mois.

Les bourses rebondissent

Les marchés boursiers européens ont fini en nette hausse jeudi dans l'espoir d'une adoption rapide du plan de sauvetage du secteur bancaire par le Congrès américain, ce qui a été confirmé par des responsables des deux partis jeudi soir.

Après trois séances de recul, Paris a ainsi gagné 2,73%, l'indice CAC 40 terminant à 4.226,81 points. Londres et Francfort ont fini tous deux en hausse de 1,99%. L'Eurostoxx 50 progressait de 2,80%.

La Bourse de New York a également nettement rebondi jeudi: le Dow Jones a gagné 1,82% et le Nasdaq 1,43%.


A Zurich, le SMI a clôturé en gagnant 2,44% à 6945,49 points.