Par 228 voix contre et 205 pour, les représentants ont refusé de
débloquer les 700 milliards de dollars que le secrétaire au Trésor
Henry Paulson réclamait pour éponger les créances douteuses
accumulées par les banques dans l'immobilier.
Ce vote, inattendu au lendemain d'un accord entre
l'administration et les principaux dirigeants du Congrès, a fait
plonger la Bourse. A Wall Street, la déroute est historique: le
Dow Jones a chuté de 6,98%, soit
une perte jamais vue de plus de 700 points, et le Nasdaq de 9,14% Les places européennes ont aussi affiché de fortes baisses après les difficultés de plusieurs banques .
Obama reste confiant
La victoire du non est venue du camp républicain en principe
acquis à l'administration Bush: près de deux représentants
républicains sur trois ont rejeté le plan. Les élus démocrates ont
en revanche largement approuvé le plan.
Le président américain George W.Bush s'est dit «très déçu». Mais
l'intervention de l'Etat dans le secteur privé, sans précédent dans
l'histoire américaine, était très critiquée dans les rangs
républicains qui disaient vouloir épargner l'argent du contribuable
à un peu plus d'un mois de l'élection présidentielle et législative
américaine.
De son côté, le candidat démocrate à la présidentielle américaine
Barack Obama a exprimé sa confiance malgré ce rejet. "Il est
important que les marchés restent calmes, car les choses ne se font
jamais sans heurts au Congrès, et qu'ils comprennent que cela va se
faire", a-t-il déclaré.
Débat houleux
Le débat a été vif à la Chambre où les opposants à cette
intervention historique de l'Etat rechignaient à signer «un chèque
en blanc au Trésor».
«Je suis convaincu que si nous ne votons pas cette loi
aujourd'hui, ce sera un très mauvais jour pour le secteur
financier, l'économie américaine et le peuple américain», avait
pourtant averti le président démocrate de la commission des
services financiers de la Chambre, Barney Frank, en ouvrant le
débat.
Le plan de sauvetage «évitera à la crise du secteur bancaire de se
propager à toute notre économie», avait auparavant plaidé George
Bush, tout en reconnaissant qu'il ne suffirait pas à régler tous
les problèmes de l'économie américaine.
La suite du processus n'est pas claire. Le Sénat était censé
siéger mercredi, mais "il y a beaucoup d'incertitudes", de l'aveu
même de Nancy Pelosi. La Chambre des représentants a annoncé
qu'elle se réunirait à nouveau jeudi.
ap/afp/ant
La 4e banque américaine disparaît
La quatrième banque américaine, Wachovia, a été rayée de la carte lundi, rachetée par Citigroup sur intervention de l'administration Bush, qui n'a pas pu attendre le vote de son plan de sauvetage débattu au Congrès.
Wachovia était la quatrième banque du pays par ses actifs (812 milliards à la fin juin). Citigroup devient numéro un par les dépôts.
Wachovia est la cinquième institution financière américaine acculée à la faillite ou au rachat en l'espace de deux semaines, après Lehman Brothers, Merrill Lynch, AIG et Washington Mutual.
National City perd 63% en une séance
La grande banque régionale National City, qui compte parmi les dix premiers établissements bancaires américains, a perdu 63% sur la seule séance de lundi, le marché spéculant qu'elle pourrait être la prochaine à faire faillite, après Washington Mutual et Wachovia.
L'action National City a clôturé à 1,36 dollar, ce qui ramène la valeur boursière du groupe de Cleveland (nord des Etats-Unis) à 1 milliard de dollars. En un an, sa capitalisation boursière a été amputée de 95%.
Le pétrole perd plus de 10 dollars
Les prix du pétrole ont chuté lundi de plus de dix dollars à New York. Le rejet du plan Paulson de sauvetage des banques a fait craindre aux investisseurs pour la santé de l'économie américaine et donc pour la demande de pétrole.
Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de «light sweet crude» pour livraison en novembre a fini à 96,37 dollars, en retrait de 10,52 dollars par rapport à la clôture de vendredi. Il a perdu jusqu'à 11,85 dollars en séance. A Londres, le baril de Brent pour livraison en novembre a cédé 9,56 dollars, à 93,98 dollars.
«Les prix du pétrole restent sous pression négative. Le pétrole s'est échangé ces cinq dernières années sur des craintes d'interruptions de l'offre. Il s'échange maintenant sur des craintes d'effondrement économique», a observé James Williams, de WTRG Economics.
Les investisseurs craignent que la crise financière ne fasse plonger l'économie «réelle» dans son sillage, pesant sur la demande de pétrole.