Les comptes 2020 publiés jeudi par le canton de Genève l'ont confirmé: les dépenses d'investissements sont bien inférieures aux montants qui étaient initialement prévus.
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Car les collectivités publiques rechignent à dépenser davantage alors même que la situation sanitaire entraîne des charges supplémentaires pour leurs finances. Les carnets de commande des grandes entreprises de la construction peinent donc à se remplir. Or ce secteur pourrait pourtant stimuler la reprise économique.
Le projet d'extension de l'EPFZ gelé
Les commandes publiques se sont effondrées pratiquement partout dans les grandes villes. Pour la seule ville de Zurich, les appels d’offres ont chuté de moitié. Le projet d’extension et de rénovation de l’EPFZ a par exemple été gelé.
Et cette sinistrose a touché une large majorité de cantons. La baisse est de 72% dans l’ensemble du canton de Genève et de 24% en ville de Lausanne, pour les appels d'offres publiés sur le site de référence.
Un signal d'alarme jugé inquiétant
La Société suisse des entrepreneurs (SSE) parle de signal d'alarme inquiétant, d’autant que la tendance ne s'est pas inversée en ce début d’année malgré la bonne volonté budgétaire des collectivités publiques.
"Les budgets communaux et cantonaux étaient là, ils étaient votés. Mais nous avons constaté en ce début d'année qu'il y avait très peu de soumissions", explique le président romand de la SSE vendredi dans La Matinale de la RTS.
"Et cela nous inquiète", poursuit René Leutwyler, "puisque les soumissions qu'on remplit aujourd'hui, les appels d'offres, nous feront du travail pour dans deux ou trois mois".
Moins 85% aux HUG à Genève
Du côté des grands maîtres d'ouvrage traditionnels, les appels d’offres pour l’aéroport de Zurich ont chuté de 90% l'an dernier. Ceux des Hôpitaux Universitaires de Genève (HUG), eux, ont reculé de 85%, compte tenu de la concentration des activités sur les malades du Covid-19.
"Certains maîtres d'ouvrage tirent le frein à main. Cela nous inquiète aussi", souligne René Leutwyler.
La bombe lancée par les CFF
Et le gel d'un certain nombre de projets aux CFF a fait l’effet d’une bombe pour le secteur. "C'est un petit peu rentré dans l'ordre car sur la quarantaine de projets qui avaient été bloqués une bonne vingtaine a été libérée. Mais je pense qu'il serait faux de tirer le frein sur les investissements", souligne le président romand de la SSE.
C'est pourtant bien la tendance générale des collectivités publiques, qui doivent faire face aux dépenses supplémentaires liées à la pandémie. Elles ne veulent pas ou ne peuvent pas jouer actuellement leur rôle de moteur de relance.
Sylvie Belzer/oang