Apple veut faciliter la réparation des iPhone et des Macs près de chez vous. Cette stratégie mondiale doit permettre aux réparateurs indépendants d'avoir accès aux pièces d'origine et aux formations du groupe.
L'entreprise basée à Cupertino, en Californie, a étendu cette semaine à 200 nouveaux pays son programme de réparation par des tiers (IRP). Le Brésil, l'Inde ou la Russie en font désormais partie.
Pendant de nombreuses années, Apple a verrouillé l'accès aux réparations. Seules quelques entreprises obtenaient le droit de toucher aux iPhone.
Pression des gouvernements
Mais les pressions, notamment politiques, ont poussé Apple à ouvrir le jeu. Pour lutter contre l'obsolescence programmée, les appareils doivent être facilement réparables pour allonger leur durée de vie. Et selon un indice de réparabilité, développé en France, l'iPhone fait office de mauvais élève.
En Suisse, il est possible depuis l'été dernier d'obtenir un statut de réparateur Apple indépendant. C'est le cas d'Xtrem-phone à Bulle qui vient d'être certifié comme réparateur tiers. Car plus de la moitié de ses réparations concernent des iPhone.
"Les réparations deviennent de plus en plus complexes", affirme son directeur Nicolas Ragno. "Nous avons également de plus en plus d'assurances qui nous demandent de faire des réparations pour leurs clients."
Conserver les clients avec des assurances
Et la grogne monte quand le client se retrouve avec un message sur son iPhone pendant quatre jours. "Si on change un écran sur les derniers appareils Apple, un message apparaît pour signifier que la réparation n'a pas été faite par un centre agréé. Pour éviter ces messages, nous sommes obligés d'avoir une certification. On l'a fait pour donner une garantie supplémentaire et conserver les clients des assurances."
Pour obtenir ce nouveau statut, les conditions sont drastiques: faire disparaître tous les logos de la marque, aussi bien dans la boutique que sur le site internet (pour éviter la confusion avec une entreprise officielle Apple) et effectuer quelque 170 formations en ligne. A noter que la démarche est gratuite.
Cette certification permet aux réparateurs d'avoir accès à certaines pièces officielles de l'iPhone (écrans, batteries, caméra arrière, vibreur,…) ainsi qu'à des appareils de calibrage.
Nouvelle concurrence
Mais pas de réparations sous garantie, ni de pièces pour les watch, les iPad ou les air pod. Le remplacement des appareils n'est pas possible non plus.
Car Apple marche sur des œufs et protège ses centres de services agréés Apple. Il faut dire que les exigences posées par la marque sont grandes: deux techniciens certifiés, un suivi de la réputation du centre (note de clients, propreté, rapidité,…) ou encore un stock de pièces en magasin.
Cette concurrence imposée par la marque est vue d'un mauvais œil. "Pour nous, ça a été une grande surprise, car jusqu'à maintenant Apple avait bien différencié les réparateurs officiels et ces petites boutiques qui faisaient des réparations non officielles", estime Patrick Bazzo, directeur de Mémoire vivre, un centre agréé Apple.
Position dominante
Il faut dire que le marché est juteux en Suisse. En 2020, près de 45% des utilisateurs de smartphone avaient un iPhone, selon une étude de Comparis.
Et l'avenir s'annonce compliqué pour les réparateurs non certifiés. Les prochains iPhone devraient avoir des capteurs d'empreintes sous l'écran. Et au moment de changer l'écran, si l'entreprise n'est pas agréée, des fonctionnalités vont disparaître.
Pascal Wassmer