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Deux banques suisses veulent améliorer la traçabilité de leur or

Des lingots d'or suisses photographiés à Paris, le 20 février 2020. [AFP - Joël Saget]
Deux banques suisses veulent améliorer la traçabilité de l'or. / La Matinale / 1 min. / le 14 avril 2021
Raiffeisen et la Banque cantonale de Zurich (BCZ) ont promis mardi que leur approvisionnement en or serait désormais transparent et traçable. Avec ces engagements, ces deux banques suisses vont plus loin que la plupart de leurs concurrentes.

Sait-on d'où vient l'or que nous achetons? Finance-t-il des conflits armés en Afrique? Quand elles sont interpellées sur ces questions sensibles, la plupart des banques répondent qu'elles travaillent avec des raffineries certifiées, conformes aux standards internationaux, sans toutefois divulguer leur nom ou celui des autres acteurs de la chaîne d'approvisionnement, à commencer par les sociétés minières.

>> Relire : Un rapport confirme les lacunes dans le contrôle de l'or importé en Suisse

L’acheteur d’or, qu'il soit sous forme de lingot ou de titre financier, n’a donc pas les moyens de s’assurer que le métal a été produit de manière responsable.

Raiffeisen pionnière

Dans ce contexte, les engagements pris par Raiffeisen et la Banque cantonale de Zurich (BCZ) sont salués par les ONG. Spécialiste des matières premières chez Swissaid, Marc Ummel estime que Raiffeisen en particulier fait oeuvre de pionnière. En effet, ses clients connaîtront les noms de toutes les parties prenantes lorsqu'ils achèteront de l’or à l'avenir.

"Pour le secteur bancaire, c’est nouveau, explique le spécialiste. Dans le domaine de l’horlogerie ou de la joaillerie, il y a certaines petites marques qui le font déjà, mais ça reste encore minime. Il y a encore énormément de choses qui doivent se développer pour que les acteurs de l’industrie de la joaillerie, de l'horlogerie ou des banques s’assurent vraiment que l’or qui arrive chez eux ne soit pas produit en violation des droits humains ou en portant atteinte à l’environnement."

>> Réécouter l'interview de Marc Ummel dans La Matinale au sujet du manque de transparence dans le commerce de l'or :

Marc Ummel, responsable de la politique de développement dans le secteur des matières premières à Swissaid. [Swissaid]Swissaid
Manque de transparence dans le commerce de l'or en Suisse? / La Matinale / 6 min. / le 23 juin 2020

Pour Marc Ummel, les pratiques vont de toute façon devoir encore évoluer en Suisse. Le Conseil fédéral a d'ailleurs ouvert aujourd'hui une consultation sur des dispositions d'exécution relatives aux nouveaux devoirs de diligence des entreprises, en particulier concernant les minerais de conflits.

Guillaume Meyer/iar

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Origines douteuses

Il existe deux grandes catégories d'or importé en Suisse: l'or minier, qui provient de mines industrielles ou artisanales, et l'or recyclé, qui a déjà été affiné et utilisé. Il s’agit notamment de lingots bancaires. L'immense majorité (80%) de l'or recyclé mondial est affiné en Suisse.

C'est précisément l'or minier qui est parfois considéré comme problématique. Et particulièrement le minerai qui transite par Dubaï, fortement soupçonné de provenir en partie de mines artisanales africaines, qui peuvent être situées dans des zones de guerre, gérées par des milices armées, ou encore employer des enfants.

Depuis janvier dernier, les raffineurs suisses sont tenus de faire figurer si l'or qu'ils importent est extrait de mines ou s'il s'agit d'or bancaire ou recyclé. Cette mesure découle de la volonté du Secrétariat d'Etat à l'économie (SECO) de rendre le commerce autour de l'or plus transparent.

>> Réécouter le sujet de La Matinale :

Des lingots d'or dans les coffres de la banque cantonale de Zurich. [Keystone - Martin Ruetschi]Keystone - Martin Ruetschi
Le SECO veut améliorer la traçabilité de l'or qui circule par la Suisse pour rendre son commerce plus transparent / La Matinale / 1 min. / le 25 septembre 2020

La nouvelle nomenclature devrait permettre de savoir précisément quelle quantité d'or importée provient des mines. Côté politique, l'initiative avait été plutôt bien accueillie. Pour Swissaid, cette mesure nécessaire ne constitue toutefois qu'une étape intermédiaire.