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La Confédération lance un mini plan Marshall

Leuthard insiste sur l'importance de la votation pour l'économie.
Doris Leuthard espère réussir à relancer l'économie suisse.
L'économie suisse va bénéficier d'une injection de 1,5 milliard de francs en 2009. En guise de programme de relance, le gouvernement est prêt à libérer jusqu'à un milliard, dont 341 millions rapidement, selon Doris Leuthard.

Les entreprises qui ont cotisé aux réserves de crise toucheront
en outre 550 millions. Il s'agit des "réserves de crise", qui
seront débloquées dès le 1er janvier. Ces fonds, fiscalement
privilégiés, ont été constitués à titre facultatif par 650
entreprises. La loi prévoit la restitution des montants aux
intéressés en cas de crise.



Même si la Suisse se trouve encore dans une situation
"comparativement bonne en matière d'économie et d'emploi", le
Conseil fédéral a finalement décidé d'intervenir mercredi (
lire son communiqué ). Plusieurs de
ses membres ne s'étaient pourtant privés de clamer leur scepticisme
quant à une intervention étatique ces derniers temps.

Tous les indicateurs économiques ont été revus à la baisse pour
l'an prochain et on ne sait pas combien de temps va durer la crise,
a argumenté Doris Leuthard devant la presse. D'après la ministre en
charge de l'Economie, le gouvernement veut cette fois mieux faire
qu'avec son programme de relance à 200 millions mis en oeuvre lors
de la crise des années 90.

Anticiper des dépenses

Compte tenu du corset budgétaire imposé par le frein à
l'endettement, le gouvernement compte ouvrir les cordons de la
bourse à raison d'un milliard au plus. Quelque 341 millions
pourront être débloqués dès janvier, le reste devant encore faire
l'objet de discussions d'ici février-mars, a précisé la ministre de
l'Economie.



En substance, il s'agit d'anticiper certaines dépenses déjà
décidées. Pour commencer, le Conseil fédéral veut lever le blocage
des crédits au sein de l'administration. Quelque 205 millions
seraient ainsi disponibles pour des investissements des
Départements de justice et police, de la défense et de
l'économie.



Les autres mesures immédiates prévoient l'octroi de 66 millions
pour la protection contre les crues et les dangers naturels, 20
millions pour les constructions civiles de la Confédération et 45
millions pour la rénovation énergétique des bâtiments d'utilité
publique. Les moyens pour la promotion des exportations
helvétiques, via l'Osec, seront relevés de 5 millions.



Hans-Rudolf Merz a présenté cette "bonne nouvelle" le jour même à
la commission des finances du National, qui examine le budget de
2009 de la Confédération en vue de la session d'hiver. Une deuxième
étape d'investissements suivra au début de l'année prochaine. Le
Conseil fédéral a demandé à l'administration de lui présenter des
projets pouvant être mis en oeuvre rapidement pour un montant de
quelque 600 millions.

Investir dans la construction

Dans ce cas aussi, les moyens risquent d'aller avant tout à des
projets de construction. Et la conseillère fédérale de citer les
investissements dans l'infrastructure ferroviaire, les routes
nationales et l'assainissement énergétique des bâtiments
anciens.



Pas question en revanche de soutenir des projets encore en
gestation. Des investissements qui n'interviendraient que dans deux
ou trois ans n'auraient aucun sens pour la relance, à ses yeux. "Il
serait également fatal d'entreprendre des mesures d'économies l'an
prochain", a souligné la démocrate-chrétienne en lançant un appel
aux collectivités publiques.

Priorité aux accords de libre-échange

Doris Leuthard mise sur l'amélioration de l'accès des
entreprises suisses aux marchés mondiaux. Elle veut tout faire pour
finaliser aux plus vite les accords de libre échange avec le Japon,
le Canada et les Etats du Conseil du Golfe.



Il s'agit aussi d'avancer les négociations engagées avec l'Inde et
d'autres Etats et d'en ouvrir avec la Chine et la Russie. Quant à
la question du franc fort, qui pénalise l'économie suisse, elle
n'est pas du ressort du Conseil fédéral, a rappelé l'Argovienne.
Cette compétence est entre els mains de la Banque nationale.



ats/ps/mej

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"Montants pas suffisants"

Le plan de relance du Conseil fédéral pour lutter contre la récession va dans la bonne direction, mais les montants qui vont être investis ne sont pas suffisants pour le PS et le PRD.

Quant au soutien aux familles, "cela fait 10 ans qu'on nous promet cette réforme", selon le président du PDC Christophe Darbellay.

"C'est bien que le Conseil fédéral reconnaisse la nécessité d'intervenir", a déclaré le secrétaire général du Parti socialiste. Mais les montants qui vont être engagés sont insuffisants, selon le Parti socialiste et les Verts.

"Il ne faut pas répéter les erreurs des plans de relance des années 90, avertit le secrétaire général du PS. Libérer maintenant 341 millions et le reste au printemps n'aura pas l'effet escompté". "Un montant entre 3 et 5 milliards de francs, soit 0,5% et 1% du PIB, serait plus adéquat. De plus, le milliard prévu fait pâle figue face au 68 milliards prévus pour sauver l'UBS".

De leur côté, les Verts militent pour un plan plus ambitieux autant financièrement que dans le choix des investissements. Ils en appellent à un "green deal".

Le Parti radical suisse juge pour sa part les mesures adéquates, mais "les sommes pas suffisantes", selon Stephan Brupbacher, son porte-parole. Les radicaux en profitent pour revenir avec un de leurs chevaux de bataille: l'introduction de la compensation de la progression à froid dès 2009.

En revanche, le PDC juge que le plan de relance est tout à fait adéquat. Il aurait tout de même souhaité que l'accent soit davantage mis sur les PME, qui travaillent dans le secteur de l'exportation.

"Mais c'est difficile. Le plan adopté est la seule chose qu'on peut faire maintenant et vite. En plus, l'argent est là".

L'UDC est la plus hostile. Elle craint que le programme n'atteigne pas sa cible et que la dette ne se creuse à nouveau, a indiqué Urs Martin, secrétaire du groupe aux Chambres fédérales. L'UDC propose plutôt de baisser le taux de TVA d'un point et de verser les bénéfices de la Confédération en 2007 à la population.