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L'Union syndicale suisse réclame davantage de sécurité sociale

Invitée Vania Alleva, présidente d'UNIA.
L'Union syndicale suisse veut des mesures contre la précarité des salariés: interview de Vania Alleva / Le 12h30 / 5 min. / le 20 avril 2021
Pour de nombreux salariés, la crise du coronavirus a eu des effets délétères et l'avenir n'est pas rose, estime l'Union syndicale suisse. Elle a réclamé mardi une plus grande sécurité sociale pour les salariés.

"Après avoir lutté contre la pandémie, nous devons nous battre pour plus de sécurité sociale", a lancé le président de l'Union syndicale suisse (USS) Pierre-Yves Maillard lors d'une conférence de presse à Berne.

Normes minimales contournées

Le chômage et le sous-emploi grimpent alors que les fermetures et autres restrictions ont fait exploser les emplois précaires et les écarts de revenus se sont creusés, constate la faîtière syndicale. Les normes minimales en matière de salaires et de conditions de travail sont souvent contournées à la baisse.

Les perspectives pour les mois à venir préoccupent également l'USS. Même après la deuxième vague de la pandémie, un nombre extrêmement élevé de personnes ayant un emploi sont toujours sans travail.

Les salariés les plus jeunes et les plus âgés sont plus touchés que la moyenne. Comme souvent, ce sont les travailleurs à faibles revenus qui sont les plus affectés par les effets de la pandémie. Avec le chômage partiel et le chômage tout court, les baisses de revenus se font cruellement sentir.

Baisse du revenu disponible

Selon une estimation de l’USS, les personnes dans les classes de revenus les plus basses (jusqu’à 4000 francs bruts par mois) disposent d’environ 300 francs par mois de revenus en moins.

Nous ne peignons pas le diable sur la muraille, a assuré la présidente du syndicat Unia Vania Alleva dans le 12h30 de la RTS. "On voit très bien que le coût économique de cette pandémie se reporte sur les salaires les plus bas et qu'il y a un écart de revenu qui se creuse", a-t-elle souligné. "Donc il faut combattre de manière résolue la fracture sociale qui est en train de se créer".

Parallèlement aux conséquences sur les salaires les plus bas, les fermetures partielles de l’économie ont favorisé la prolifération des emplois précaires, a relevé encore l'USS. Avec le boom des livraisons à domicile par des services de coursiers, les normes minimales en matière de conditions de travail sont trop souvent contournées.

ats/oang

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Pour un salaire horaire minimum de 22 francs

Face à ce sombre tableau, l'USS exige un salaire minimum de 22 francs de l’heure et des CCT de force obligatoire aussi pour les nouveaux emplois qui se sont créés dans les services de coursiers et le commerce en ligne.

La faîtière demande aussi la restitution à la population des près de cinq milliards de francs de réserves excédentaires issues des primes maladie. Ceci renforce le pouvoir d’achat et stimulera l’économie nationale, estime-t-elle.

Il faut aussi renoncer à tout programme d’austérité, surtout au niveau fédéral, afin que le chômage n’augmente pas encore davantage, avertit l'USS.

Manifestations sur fond de crise sociale

"Si des manifestations de colère et de désespoir apparaissent, y compris dans notre Suisse jusque-là si tranquille, c’est sur le fond de cette crise sociale", estime le président de l'USS.

Les personnes qui ont traversé cette crise sans perte de revenu ou sans crainte de perte de leur emploi ont parfois de la peine à comprendre cette colère qui monte et la violence du sentiment d’injustice qui touche une partie importante et déjà précarisée de la population, a relevé Pierre-Yves Maillard.