Le célèbre panda a fait le dos rond plus d'une fois dans sa vie face à ses contempteurs. Cet anniversaire semble être passé presque inaperçu, il a peu d'échos directement dans les médias.
Pourquoi cette discrétion? Interrogée dimanche par Keystone-ATS, le Fonds Mondial pour la nature – 5 millions de membres, 6000 employés - préfère se focaliser sur son action, notamment avec son soutien à la Loi CO2. Et puis, bien sûr, le contexte sanitaire est peu propice aux célébrations.
Une chose est sûre: ce soixantième anniversaire n'est pas rugissant, loin de ce que fut le cinquantième.
Evolution du combat
Au cours des années, la mission du WWF et les moyens utilisés pour protéger la faune ont évolué. Le 29 avril 1961, à Morges (VD), un groupe de biologistes et hommes d'affaires majoritairement britanniques s'inquiètent tout d'abord pour la grande faune en Afrique.
Parmi les pionniers de l'organisation se trouvent Julian Huxley, grand défenseur de l'eugénisme, de la stérilisation forcée et de l'amélioration de la race humaine, ou encore Luc Hoffmann, héritier de Hoffmann-La Roche.
De la défense de la faune africaine, l'organisation a ensuite élargi son combat à l'ensemble de la planète et plus globalement au changement climatique.
Partenariats avec les multinationales
C'est là que le WWF se distingue d'autres ONG qui sont sur le même marché de la protection de l'environnement. Si Greenpeace est frontale – on pense à ses opérations coups de poing - le WWF privilégie depuis toujours les partenariats avec les multinationales.
En 2011, lors des 50 ans du WWF, l'organisation est accusée d'avoir perdu ses valeurs fondatrices, de multiplier ses partenariats avec des sociétés qui utilisent le panda pour verdir leur réputation.
Le WWF est dirigé par les multinationales, disent ses adversaires. Pourtant, l'alliance se renforce. L'un des derniers faits d'armes du WWF a eu lieu le mois dernier. Google, BMW, Volvo et Samsung s'engagent alors pour un moratoire sur l'exploitation minière en eau profonde.
Mais dans le même temps, à Bornéo, le WWF est accusé de complaisance envers les entreprises qui ne s'engageraient pas vraiment contre la déforestation.
Concurrence entre ONG
Alors, à 60 ans, le WWF continue le funambulisme: marcher sur une ligne de crête entre partenariat économique et combat frontal.
La solution, sur le marché de l'environnement comme ailleurs, s'appelle la concurrence. Les premières à reprocher aux multinationales de ne pas remplir leurs engagements pris avec le WWF sont souvent des ONG comme Greenpeace.
Frédéric Mamaïs/jfe