L'histoire n'est pas sans rappeler la bataille qui oppose depuis plus de vingt ans les vignerons de Champagne, dans le canton de Vaud, et leurs homologues de la région française du même nom, qui estiment qu'aucun autre vin dans le monde ne peut mentionner "Champagne" sur ses étiquettes.
>> Relire : Les vignerons de Champagne (VD) à nouveau déboutés par la justice
Cette fois-ci, c'est la multinationale Coca-Cola, célèbre pour son soda, et un producteur de vin corse, Coca Mariani, qui s'écharpent sur une appellation. Le géant américain s'oppose en effet à l'entreprise corse, qui a relancé en 2014 un breuvage ancestral sous le nom "Coca Mariani", estimant que le mot "Coca" présente un risque de confusion.
Une marque déposée en 1863
Mais pour le patron de la société Coca Mariani, Christophe Mariani, cette attaque est "injustifiable" et "inadmissible". En effet, Coca Mariani est à l'origine d'une marque déposée en 1863, soit "vingt-cinq ans avant Coca-Cola", par un entrepreneur corse, Angelo Mariani.
L'ancien préparateur en pharmacie a mis au point un médicament à base de feuille de cocaïer et de vin de Bordeaux qu'il commercialise.
Il parvient à faire recommander son médicament par des personnalités de l'époque: Jules Vernes, le pape Léon XIII ou encore le roi d'Espagne. La boisson est alors produite "à plus de 10 millions de bouteilles". Mais la production s'arrêtera en 1960.
Inspiré de la boisson corse
Selon Christophe Mariani - qui n'est pas un descendant d'Angelo Mariani - l'inventeur du Coca-Cola s'est "fortement inspiré" du Coca Mariani. Car aux Etats-Unis, un certain docteur Pemberton lance le French Wine Coca. Avec la prohibition, le vin est remplacé par du soda. Le Coca-Cola est né.
"Notre bouteille n'a rien à voir avec celle de Coca-Cola. Nous ne cherchons pas à lui ressembler. 'Coca' est un mot générique qui fait référence à une plante, explique Christophe Mariani dans Forum. Le docteur Pemberton s'est même vanté de dire qu'il avait copié Mariani."
A la justice de trancher
Christophe Mariani dénonce également le fait que le groupe américain n'ait pas attaqué Coca Mariani lors de son lancement, en France, en 2014. C'est seulement en 2019, quand la marque corse a visé son expansion à l'échelle européenne, que Coca-Cola a manifesté son opposition.
Le dossier est actuellement entre les mains de l'Office européen de la propriété intellectuelle. "Nous avons l'intention d'aller jusqu'au bout, ainsi que de défendre notre histoire et notre patrimoine. Il est hors de question de plier à la demande de la firme américaine. Le mot 'Coca' ne leur appartient pas", souligne Christophe Mariani.
Propos recueillis par Renaud Malik/vajo