Record battu lundi, avec 230 dollars la tonne de fer. Le cuivre, ce "métal rouge" omniprésent et véritable pouls de la santé économique, a lui atteint les 10'747 dollars la tonne au London Metal Exchange. Le précédent remonte à 2011.
Le succès du cuivre doit beaucoup à la reprise économique chinoise, en marche depuis mars 2020, la Chine absorbant 50% de la production mondiale de cuivre. Même raison pour le minerai de fer, essentiel à la confection de l'acier dont l'Empire du Milieu s'alimente à forte dose. Le cours du fer n'avait jamais dépassé les 202 dollars depuis 2008.
Le phénomène est spectaculaire: depuis un an, les matières premières coûtent de plus en plus cher, les cours prennent l'ascenseur, et avec eux, le fret maritime. La tendance ne touche pas que le fer ou le cuivre: le bois de construction, l'argent ou l'or sont aussi concernés.
Tout cela ressemble fort à un nouveau "super-cycle" des matières premières, c'est-à-dire une frénésie de consommation qui pousse les prix durablement à la hausse. Sur un an, le prix du gaz a augmenté de 100%, celui des métaux de base de 30%, celui des céréales et oléagineux de 25%.
Hausse des cours inquiétante?
Si elle est inquiétante, la situation actuelle n'arrive en revanche pas comme une surprise. Quand toute l'économie mondiale plonge en même temps, elle peut aussi ressortir de l'eau en même temps.
Si pour les matières agricoles, la situation peut s'expliquer en partie par les mauvaise conditions météorologiques, qui ont fait augmenter les prix, le facteur des dérèglements climatiques, en constante augmentation, est lui plus inquiétant.
Quant aux métaux, le boom actuel souligne l'importance pour une reprise, verte ou pas, de ces matériaux et donc également des mines d'extraction, décriées car très polluantes.
Les sociétés minières, avec des prix qui grimpent, ont le sourire: les résultats financiers s'annoncent de tous les records, encore plus forts que lors du premier super-cycle des années 2000, période où la Chine entrait de plain-pied dans la mondialisation.
Tensions géopolitiques
L'avenir n'est pas encore écrit, mais les voyants sont déjà au rouge, avec des matières agricoles très chères et une extraction minière à plein régime. L'Agence internationale de l'énergie (AIE) a publié un rapport alarmant la semaine dernière: si les Etats n'organisent pas rapidement leurs approvisionnements en métaux essentiels pour la transition climatique, les prix stratosphériques pourraient devenir sources de tensions géopolitiques.
Ces approvisionnements en métaux et matériaux essentiels à la transition climatique sont d'autant plus cruciaux que l'AIE indiquait mardi que le développement des énergies renouvelables dans le monde atteint en ce moment un rythme jamais vu en vingt ans.
Frédéric Mamaïs