Rapide et sans douleur. Il suffit d'une expiration pour obtenir quasi-immédiatement un diagnostic de la maladie Covid-19. Ce nouveau système, sorte de gros éthylotest, a été testé dans un centre de dépistage des hospices civils de Lyon.
Les données collectées ont été ensuite comparées au résultat d'un test PCR. "C'est un peu comme un alcootest, mais plus marrant. Et par rapport au test PCR, celui-ci ne m'a pas mis la larme à l'oeil", confie un candidat. "C'est bien plus agréable que le test PCR, donc c'est vraiment génial", ajoute une autre jeune femme.
Chimie de l'air expiré
Les chercheurs à l'origine du projet ne sont pas médecins, mais spécialistes de l'analyse de la qualité de l'air. Ils ont détourné une machine initialement développée pour l'analyse de l'air ambiant, afin de détecter la présence du Covid dans l'air expiré.
"Une fois qu'une personne est malade, l'organisme va répondre à cette agression et va changer la composition chimique de l'air expiré. Donc nous ne recherchons pas des éléments biologiques comme un virus ou des fragments de virus, mais bien les composés organiques volatiles dont la teneur change dans l'air expiré si la personne est saine ou malade", explique Christian George, directeur de recherche sur la qualité de l'air au Centre national de la recherche scientifique (CNRS).
La fiabilité de ce système de diagnostic arrive en fin d'évaluation. Les premiers résultats réalisés grâce à la collecte de 5000 échantillons, donnent une fiabilité de plus de 90%. "L'analyse du Covid par l'air expiré est donc possible", se réjouit Christian George.
Potentiel commercial
Ces analyses sont effectuées grâce à une machine fabriquée en Suisse par l'entreprise Tofwerk. Basée à Thoune, cette entreprise est spécialisée dans la fabrication de spectomètres pour l'analyse de l'air. "Tofwerk a construit la machine et le logiciel qui permet de l'utiliser. Nous fournissons également l'embout pour souffler et tout ce qui permet la deuxième phase de l'étude", note Veronika Pospisilova, chercheuse chez Tofwerk.
L'entreprise bernoise est actuellement en négociation avec le CNRS pour acheter les brevets si les résultats de l'étude s'avèrent positifs. Le potentiel commercial est énorme. "Ce dispositif sera utile dans des endroits où il faut pouvoir tester de nombreuses personnes, ce qui augmentera la sécurité de tous. Ce peut être par exemple les aéroports, les stades, les centres commerciaux, les bureaux, les croisières etc.", détaille la chercheuse.
Des gouvernements et des organismes privés auraient également manifesté leur intérêt. D'autant que son usage pourrait dépasser largement celui du diagnostic de la maladie Covid-19. Selon Christian George, du CNRS, ce genre d'instruments pourrait ouvrir "une nouvelle ère sur le diagnostic médical pour différentes pathologies: des cancers, des problèmes digestifs… Il y a vraiment beaucoup de possibilités".
Micaela Mumenthaler, Feriel Mestiri