Ce projet doit être implanté dans de lointaines et froides contrées, juste en dessous du Cercle arctique, au nord de la Suède. Les familles Agnelli, Wallenberg, Maersk, Kamprad, grandes dynasties industrielles du Vieux-Continent, se rejoignent pour un projet qui semble aussi futuriste que lucratif. Entre les sapins et la neige, les milliards de ces grands investisseurs vont permettre la construction de la plus grande fabrique d’acier "vert", comme on l’appelle.
Grâce à l'hydrogène
La start-up en question s’appelle H2 Green Steel, "H2" étant l’hydrogène. L'entreprise prévoit de produire cinq millions de tonnes d'acier sans émissions de CO2 d'ici la fin de la décennie, et elle vient de lever 105 millions de dollars. Le début de la production est agendé en 2024, si tout va bien.
Pour fabriquer l’acier, on utilisera de l’hydrogène produit avec des énergies renouvelables, au lieu de brûler du coke, comme cela se fait traditionnellement.
Révolution industrielle verte
Il s'agit d'une véritable révolution industrielle verte, notamment pour l’automobile et le transport en général. C'est pourquoi on y retrouve les Turinois Agnelli (Fiat), le grand armateur danois Maersk, et, évidemment, la plus puissante des familles suédoises, les Wallenberg, dont l’histoire se confond avec celle de leur pays.
Les Wallenberg sont partout: banques, industrie, commerce, ABB, Ericsson ou encore Electrolux. On peut encore noter la présence, parmi les investisseurs, du patron de Spotify et de la famille Kamprad, fondatrice des célèbres magasins de meubles Ikea.
"Dream Team" de l'économie nordique
C’est donc bien la "Dream Team" de l’économie nordique qui se mobilise. Il faut dire que l’enjeu est à la hauteur du prestigieux casting: l’automobile, le transport maritime et bien d’autres industries sont mises au défi de se transformer, d’embrasser la transition énergétique autrement qu’avec des campagnes de communication ou l’achat de certifications de carbone. Les actionnaires sont toujours plus exigeants avec les critères environnementaux.
L’acier n’est qu’un des nombreux domaines où la bataille se joue, mais pas des moindres. ArcelorMittal, le plus important producteur d'acier au monde, développe aussi son projet d’acier "vert". La concurrence est donc bien présente.
Objectif ambitieux
L'objectif est ambitieux: 5 millions de tonnes d’acier "vert" d’ici 2030. Est-il réaliste? Difficile à dire: il semblerait qu’en 2050, les hauts fourneaux représenteront encore la moitié de la production d’acier dans le monde. Et cela parce qu'il est encore difficile d’avoir accès à des énergies renouvelables abondantes et bon marché. Mais aussi parce qu’ailleurs, en Inde ou en Chine, beaucoup d’aciéries sont encore jeunes.
Frédéric Mamaïs/jpr