Depuis le début de l'année, les annonces se multiplient. Dès le 1er juin, les abonnés d'Apple Music auront accès à une qualité comparable à celle d'un CD, voire mieux. Et sans frais supplémentaires. Dans la foulée, Amazon Music, qui propose déjà un service HD payant, annule le surcoût. Et Spotify? Le leader mondial du streaming musical a annoncé en février qu'il proposera cette année un "Spotify HiFi".
Cette course à la qualité de l'audio est rendue possible par les avancées technologiques et le niveau d'équipement général de la population. Le très haut débit est arrivé dans les maisons et se démocratise sur les portables avec la 5G.
Les grandes entreprises de musique en streaming cherchent également de nouveaux clients. Elles ont donc décidé de s'attaquer à des niches, comme les services Tidal ou Qobuz qui proposent depuis longtemps de la qualité hifi à leurs abonnés.
Et finalement, si un de ces géants offre un nouveau service, les autres doivent suivre. Sous peine de voir partir leurs abonnés.
Fin du mp3?
Avec l'avènement de Haute-Résolution (Hi-Res) et des fichiers sans perte de qualité (Lossless), la diffusion des mp3 tend à disparaître. Le format reste pratique, car il prend peu de place sur les disques durs. Un exemple: avec 10 gigas, vous stockez environ 3000 mp3 de qualité moyenne et seulement 200 chansons en haute résolution.
Alain Dufaux s'occupe des archives du Montreux Jazz Festival. Il a toujours travaillé avec les formats les plus performants pour conserver les enregistrements des concerts mythiques de la Riviera.
Pour cet amoureux de la musique, c'est un bonheur de voir arriver un streaming en hifi. "On avait une qualité qui était dégradée avec le streaming et le mp3. On enlève réellement des éléments musicaux pour réduire la taille des données à transférer. Dans certaines conditions, on entend ces manques."
De l'émotion avant tout
Attention, on ne peut pas mettre tous les algorithmes de compression de la musique dans le même panier. "C'est le fameux débit d'un fichier mp3", explique Alain Dufaux. "Il y a un monde entre 64 kbits/s et 320 kbits/s. Un 320 kbits/s est très proche du format sans perte, mais sans l'atteindre."
Sans une oreille entraînée, il reste difficile d'entendre une différence entre un bon mp3 et une haute résolution. "Il y a de fortes chances que vous vous disiez qu'il n'y a pas de différences", estime Renaud Millet-Lacombe, ingénieur du son RTS.
"Ne pas entendre de différence, cela ne veut pas dire qu'on ne ressent pas de différence. Un exemple: peu de monde arrive à chanter en détail une ligne de basse. On ne l'entend pas bien. Pourtant quand je la retire, tout le monde sent qu'il y a un problème. Et quand je la remets, c'est un soulagement."
Pour l'ingénieur du son, la qualité joue donc sur le confort et le ressenti, pas sur une beauté esthétique. "La haute résolution permet de récupérer ce lien à l'émotion." Le retour à de la musique compressée par algorithme devient alors difficile.
Nouveau matériel
Pour profiter pleinement de ce confort d'écoute, il s'agit de s'équiper. Comme pour les télévisions, l'arrivée d'un nouveau format entraîne une avalanche de nouveaux produits. Pour une entreprise comme Apple, cela signifie par exemple la mise en avant d'une gamme pouvant diffuser de la haute résolution. De quoi relancer les ventes. Tous les fabricants d'audio devraient en profiter.
Le timing est parfait. En Suisse, le marché des écouteurs et des enceintes est en plein boom. Les Suisses ont dépensé plus de 250 millions de francs l'an dernier pour s'acheter des casques Bluetooth, selon une étude de GfK.
Mais attention, vous ne pourrez pas profiter complètement de la qualité hifi en utilisant votre matériel Bluetooth. Comme le mp3, la technologie Bluetooth compresse les sons. Il y a donc de la perte de qualité. Pour profiter entièrement d'une chanson en Hi-Res Lossless 24 bits à 192 kHz, il faudra rester câblé (pour l'instant).
Pascal Wassmer
Les Red Hot Chili Peppers cèdent leur catalogue pour 140 millions de dollars
Le groupe américain de rock alternatif The Red Hot Chili Peppers a cédé son catalogue de chansons à l'un des géants de la gestion de droits musicaux, le société britannique Hipgnosis, pour une somme évaluée entre 140 et 150 millions de dollars, selon le site du magazine Billboard.
Le fonds d'investissement décroche là un nouveau morceau de choix, après avoir déjà raflé les catalogues de Shakira ou Neil Young.
Depuis quelques années, la concurrence fait rage entre véhicules d'investissement comme Hipgnosis, Concord ou Primary Wave, avec, en embuscade, les grands labels de l'industrie du disque, tels Universal Music.
L'appétit des investisseurs pour les droits musicaux tient en bonne partie à l'émergence du streaming, qui a ouvert des débouchés à une industrie qui se cherchait un nouveau modèle au début des années 2000.
(AFP)