Lundi, le bitcoin a de nouveau perdu près de 9% après que Pékin a décidé de couper le courant aux entreprises spécialisées dans le minage de cette monnaie virtuelle, installées dans la province du Sichuan, au sud-ouest du pays.
La monnaie numérique s'échangeait à 32'440 dollars en début de semaine, alors que son niveau était encore à 65'000 dollars mi-avril.
Un défi pour Pékin
L'action des autorités chinoises oblige les spécialistes du secteur à s'interroger sur les raisons qui poussent Pékin à agir maintenant, et sur les conséquences de ce changement sur le marché.
Le besoin de contrôle du gouvernement chinois à l'égard du système financier s'est renforcé à mesure que ce dernier gagnait en importance. Les cryptomonnaies, et tout particulièrement le bitcoin, représentent un défi pour Pékin, du fait de l'impossibilité pour la banque centrale de tracer les mouvements d'argent passant par ces actifs.
Afin d'y remédier et pour "prévenir et contrôler les risques financiers", les autorités ont fait le choix d'interdire les échanges de cryptomonnaies dans le pays. Selon des analystes, la Chine craint une hausse des investissements illicites et des levées de fonds, alors même que Pékin tente de contrôler les flux de capitaux
Introduire sa propre monnaie
Le durcissement à l'égard des cryptomonnaies permet par ailleurs à la Chine d'introduire sa propre monnaie virtuelle (voir encadré), un projet sur lequel la banque centrale travaille depuis 2014 et qui permettra au gouvernement de mieux contrôler les échanges.
Si la création et les échanges de cryptomonnaies sont illégaux en Chine depuis 2019, les récentes actions menées par Pékin vont rapidement conduire son important secteur du minage à mettre la clé sous la porte.
L'accès à du matériel et de l'énergie très bon marché ont favorisé l'émergence d'entreprises spécialisées dans les échanges mais également la création de nouveaux actifs de cryptomonnaies, une opération particulièrement énergivore qui nécessite une grosse puissance de calcul.
Consommation équivalente à la Norvège
Or, une part importante de l'industrie s'alimente en électricité auprès de centrales fonctionnant au lignite, un charbon très polluant, ce qui pourrait empêcher la Chine d'atteindre ses objectifs climatiques et pourrait en partie expliquer sa réaction.
Selon l'Index de consommation électrique du bitcoin, publié par l'université britannique de Cambridge, le minage de monnaies virtuelles devrait consommer 0,6% de l'électricité mondiale en 2021, soit l'équivalent de la consommation d'un pays comme la Norvège.
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jfe avec agences
Le yuan numérique en phase de tests
Au mois de mars, la Chine a lancé la phase de tests de son yuan numérique. Cette monnaie virtuelle doit permettre à Pékin de réaliser des transactions internationales dans sa propre monnaie, alors que le commerce mondial est aujourd'hui très majoritairement libellé en dollars (plus de 80% des transactions).
De nombreux pays tentent aussi de lancer leur propre monnaie virtuelle, la Banque centrale européenne devant décider dans le courant de l'été si elle lance à son tour un euro virtuel ou non.
Mais pour les spécialistes, ces monnaies d'Etat auront du mal à faire de l'ombre aux cryptomonnaies existantes, dont une part de l'attrait provient précisément de l'absence de contrôle d'un Etat.