Les parcs d'innovations romands, sur les chemins de la créativité
Les cantons romands hébergent différents parcs d’innovation ou autres incubateurs technologiques depuis plusieurs années, le plus souvent avec l’appui des Hautes écoles et de l’EPFL. Et c’est à chaque fois un domaine d’activités qui est ainsi priorisé, reflétant la variété des savoir-faire de la région.
Certains de ces parcs sont réputés loin à la ronde: le parc d’innovation de l’EPFL notamment. D'autres sont moins connus du grand public, comme Energypolis en Valais ou Microcity du côté de Neuchâtel, qui soutient les sociétés de microtechnique. Et ce ne sont là que quelques exemples.
La RTS propose une série sur ces différents centres de compétences innovantes.
Une série de: Dominique Choffat
Adaptation web de: Victorien Kissling
Episode 1 - La taille
Energypolis en Valais
Energypolis est un centre qui s'est spécialisé, comme son nom l'indique, dans l'énergie, mais aussi plus largement dans le développement durable. Aujourd'hui, ce site accueille avant tout des équipes de formation et de recherche, des hautes écoles et de l'EPFL, avec pour l'instant seulement six start-ups et deux entreprises qui lui sont formellement rattachées.
C'est déjà une masse qui est vraiment intéressante pour collaborer et assurer le transfert des technologies vers les milieux économiques.
Mais ce n'est qu'un début, et même de taille encore modeste, ce centre peut remplir son rôle de créateur de valeur ajoutée.
"En termes de recherche, l'EPFL a aujourd'hui 200 personnes ici, bientôt 400. C'est déjà une masse qui est vraiment intéressante pour collaborer et assurer le transfert des technologies vers les milieux économiques. Et ce n'est pas un investissement qui est fait par le canton pour briller seulement de Saint-Maurice à la Vallée de Conches. Il faut viser beaucoup plus loin, avec plusieurs milliers d'emplois à la clé", ambitionne Marc-André Berclaz, directeur opérationnel du campus EPFL de Sion.
Cet écosystème mis en place par Energypolis fonctionne déjà au niveau de la recherche. Par contre, pour ce qui est de l'hébergement des entreprises, le Valais enregistre clairement une demande supérieure à l'offre puisque plusieurs sociétés frappent à la porte du canton, chaque mois.
Mais il faut encore prévoir deux ans et demi au minimum avant que la dernière pierre à l'édifice valaisan soit construite, à savoir le bâtiment qui regroupera les start-ups d'Energypolis.
Episode 2 - Le coaching
Microcity à Neuchâtel
Microcity, à Neuchâtel, est un incubateur de start-ups para-étatique. Un incubateur se différencie d'un parc d’innovation en proposant des outils de coaching, en plus des prestations d'hébergement, des infrastructures et des lieux pour accueillir et mettre en relation différentes entreprises.
On essaie de créer une balance entre aider l'entrepreneur à donner un niveau de maturité à son business case et le soutenir dans sa nouvelle vie d'entrepreneur.
Améliorer sa gestion d’entreprise, développer une stratégie pour décrocher des financements, de nouveaux marchés: les soutiens sont variés pour les start-ups et PME regroupées dans cet incubateur.
"Chaque programme a son ADN spécifique à la population d'entrepreneurs qu'on soutient. On adapte donc naturellement le type de coaching en fonction de la personne. On essaie de créer une balance entre aider l'entrepreneur à donner un niveau de maturité à son business case et le soutenir dans sa nouvelle vie d'entrepreneur, avec un coaching personnalisé", précise Marc Turner, responsable du programme start-ups de Microcity.
En plus de ce suivi au quotidien, une grande partie du travail des coachs consiste à évaluer, déjà au départ, si un projet est viable. D'ailleurs, beaucoup de futurs entrepreneurs potentiels abandonnent leur idée, ou la modifient pour qu'elle devienne tout simplement rentable. Car l'objectif de ces coachings, c'est de former, de donner des impulsions, d'encourager.
Episode 3 - La concurrence
Basel Area à Courroux (JU)
A Courroux, dans le Jura, s’est implanté en novembre 2019 le nouveau site jurassien du Switzerland Innovation Park Basel Area. Il n’héberge donc pour l'instant que peu d’entreprises et il doit se faire une place dans le secteur très prisé de la santé.
Je suis convaincu qu'on a besoin d'une diversité de parcs, parce que chaque parc puise dans sa force régionale.
Avec des pôles de compétences déjà établis dans les cantons de Vaud, Genève, Valais, et maintenant du Jura, n'est-ce pas trop?
"Je suis convaincu qu'on a besoin d'une diversité de parcs, parce que chaque parc puise dans sa force régionale. On est donc très différent d'un parc par exemple dans le canton de Vaud, autour de l'EPFL, alors que nous sommes en interface avec l'industrie pharmaceutique", illustre Frank Kumli, le directeur de l’innovation et de l’entrepreneuriat au sein de Basel Area.
Il complète sa réponse par un exemple concret: "On développe des solutions digitales dans le domaine de la santé, et ici, dans le canton du Jura, on est proche de l'industrie de la micro-mécanique pour des applications de technologie médicale."
Episode 4 - Les synergies
L’Aéropôle de Payerne
Le Swiss Aéropôle de Payerne (VD), créé en mars 2019, se concentre sur les entreprises actives dans les secteurs aéronautique, aérospatial, et dans les systèmes autonomes. Il offre avant tout des infrastructures et un hébergement aux entreprises et n'est donc pas encore un incubateur à proprement parler.
Il s'agit de créer une communauté qui soit favorable au développement des affaires.
Mais le fait que ce parc d’innovation soit ciblé sur une seule vaste thématique augmente les possibilités d’échanges.
"Il s'agit de créer une communauté qui soit favorable au développement des affaires. Aujourd'hui, ça passe par un partage des mêmes locaux, avec des espaces où les entreprises se côtoient au quotidien, où les gens se mélangent, se parlent, discutent, et reviennent avec des idées pour d'éventuelles collaborations", détaille Massimo Fiorin, directeur business park du Swiss Aéropôle.
Episode 5 - Le financement
La Fongit à Genève
A Genève se trouve l’un des premiers, si ce n’est le premier incubateur d’innovation de Suisse: la Fongit, ou Fondation genevoise pour l’innovation technologique.
Plus on va créer des succès, plus ça va motiver les investisseurs.
La Suisse se place régulièrement sur le devant de la scène internationale, en ce qui concerne l’innovation, mais les start-ups peinent encore à trouver des investisseurs qui misent de grosses sommes.
"De plus en plus d'acteurs, privés ou publics, sont armés sur ces thématiques. On voit désormais que des start-ups suisses, dans certains domaines, arrivent à obtenir des grands tours de financement", nuance Caroline Coquerel, coach de start-ups, notamment à la Fongit. "Plus on va créer des succès, plus ça va motiver les investisseurs".
Du côté de Genève, en plus d’une certaine crédibilité apportée par la fondation, les sociétés bénéficient de coaching. Certains événements sont également organisés avec des clubs d’investisseurs et un nouveau fonds d’investissements a été créé cette année par l'incubateur.