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Philip Morris se bat pour entrer dans le secteur pharmaceutique

Alter Eco (vidéo) - Quand le tabac devient une pharma
Alter Eco (vidéo) - Quand le tabac devient une pharma / Alter Eco / 3 min. / le 23 août 2021
Philip Morris est en pleine manoeuvre financière pour acquérir Vectura, une entreprise anglaise spécialisée dans les inhalateurs médicaux. Et l'entrée du géant du tabac dans le secteur pharmaceutique suscite des réactions hostiles.

Le géant du tabac a annoncé qu’il détenait déjà 22,6% du capital de Vectura et une offre de rachat pour 1,37 milliard de francs a été acceptée.

L’arrivée récente du nouveau directeur général de Philip Morris International (PMI), le Polonais Jacek Olczak, s'accompagne d’un virage confirmé en dehors du tabac. Vectura fabrique des inhalateurs médicaux contre l’asthme et aussi contre les maladies liées à la cigarette. Le laboratoire travaille par ailleurs sur un traitement par inhalation contre le Covid-19.

Si Philip Morris a convaincu les dirigeants et une partie des actionnaires de Vectura, l’offre de rachat, qui court jusqu’au 15 septembre, crée toutefois beaucoup de réactions hostiles au Royaume-Uni. Les associations Asthma UK, qui lutte contre l’asthme, ainsi que la British Lung Foundation contre les maladies du poumon, jugent cette tentative de rachat "inacceptable".

Luttes de territoires

Un fabricant de cigarettes qui acquiert des sociétés actives dans la santé n’est pourtant ni une première, ni une dernière.

Tout comme les géants de l’agro-alimentaire se lancent dans le bio, sans abandonner le chocolat, tout comme les compagnies pétrolières investissement massivement hors du pétrole, le secteur du tabac négocie depuis longtemps son virage hors de cette cigarette qui rapporte moins d’argent mais toujours plus de problèmes.

Les luttes de territoires ne sont pas nouvelles: la pharma a fait du lobbying pour que les cigarettes électroniques soient soumises à la même réglementation sanitaire que leurs propres produits de substitution, comme les patches ou les chewing-gums.

Et pour cause: ce marché des produits qui aident à arrêter de fumer pèse plus de 20 milliards de francs rien qu’en Europe.

Sur tous les fronts

Big Tobacco - le surnom donné aux cinq plus grandes entreprises du tabac - est donc sur tous les fronts: cigarettes électroniques, substituts ou produits médicaux.

Mais "la méfiance engendre la méfiance", comme disait Albert Camus. Investisseurs et professionnels de la santé doutent parfois des réelles intentions des producteurs de cigarettes lorsque ces derniers arrivent dans le secteur pharmaceutique sans pour autant abandonner immédiatement le tabac. De nombreuses associations critiquent déjà l’entrisme de Philip Morris au sein de l’Organisation mondiale de la santé pour participer à l’élaboration des règles sanitaires.

La Fondation pour un monde sans fumée de Philip Morris (Foundation for a Smoke-Free World) est aussi régulièrement dénoncée comme un puissant instrument de lobbying en faveur des intérêts de la multinationale. Et pourtant, la question qui touche le tabac est la même que pour d’autres secteurs en mutation. Tout comme les groupes pétroliers sont encouragés dans leurs efforts à investir dans le renouvelable, les producteurs de cigarettes font valoir leur bonne foi à sortir progressivement – mais sans calendrier fixe – du monde du tabac.

Frédéric Mamaïs/gma

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