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Les food trucks de l'EPFL mis à l'écart par un appel d'offres

Étudiants et professeurs de l'EPFL se mobilisent pour les food trucks du campus, menacés par un nouvel appel d'offre
Étudiants et professeurs de l'EPFL se mobilisent pour les food trucks du campus, menacés par un nouvel appel d'offre / 19h30 / 2 min. / le 26 août 2021
Les food trucks de l'EPFL sont mis à l'écart par un appel d'offres, car les conditions imposées rendraient impossible toute exploitation rentable pour ces indépendants. L'EPFL dément et défend son concept de restauration écologique.

Retirée en juin, voilà que ressurgit la pétition "Sauvons les roulottes de l'EPFL", signée à l'époque par plus de 1800 personnes. L'inquiétude de voir disparaître les food trucks actuels, très appréciés et présents pour certains depuis de nombreuses années sur le campus, est confirmée par plusieurs patrons qui révèlent avoir renoncé à répondre à l'appel d'offres.

En cause, une hausse prévue de la redevance annuelle, un relèvement de 1% actuellement à 7% de la marge sur les ventes, l'introduction d'un plafond de prix à 8 francs pour les menus étudiants et une limitations des parts d'ingrédients importés.

A ces conditions, nous avons renoncé à postuler, indique Luitzer Velasquez, patron du food truck mexicain Panares Gourmet, jeudi dans le 19h30. Même conclusion pour son homologue de la roulotte thaï juste à côté: "Nous faisons le menu à 11 francs depuis des années, on ne peut pas baisser le prix. Et si on nous y oblige, nous serons plus là", explique Lertskul Samieng, exploitante de la Hong Thaï Rung.

"Un appel d'offres écrit pour un répondant déjà choisi"

Patron de la roulotte Li Beirut adjacente, Khaled El-Khalil confirme: "Avec ces 7%, plus le pourcentage que prendra aussi la société qui gérera les food trucks et les obligations en matière de produits locaux, on ne pourra pas s'en sortir en vendant comme ils l'exigent les sandwichs à 8 francs." Amer, le commerçant ajoute: "On a l'impression que cet appel d'offres a été écrit pour un répondant qui était déjà choisi et qu'on a pas le choix de rester ici".

Interrogé par la RTS, le responsable de l'appel d'offres Bruno Rossignol, chef du service restauration et commerces de l'EPFL depuis 2019, estime pour sa part que la commission de 7% ne constitue pas un réel handicap pour les food truck, pas plus que la hausse de la redevance, dont les montants sont "entièrement réinvestis dans les projets de restauration de l'EPFL".

Bruno Rossignol répond que certains food trucks "n'ont pas voulu postuler parce que ça ne les intéressait plus de rester à l'EPFL, mais c'est un appel d'offres public, dont le cadre a été donné par une stratégie validée par l'EPFL", poursuit-il sans donner de noms: "Nous avons reçu plusieurs propositions de petites, moyennes et grosses entreprises."

Manque de diversité

Cette évolution inquiète au sein de la communauté de l'EPFL. Le conseil de la Faculté des sciences et techniques de l'ingénieur notamment a adressé un courrier à la direction de l'Ecole regrettant la perte de diversité et de lien social qu'entraînent les conditions de cet appel d'offres.

Sylvain El-Khouri, étudiant membre du conseil de faculté, salue les efforts de l'EPFL pour intégrer dans la restauration les critères de durabilité. Mais la diversité en fait partie, souligne-t-il, et ne devrait pas être ainsi sacrifiée: "Aujourd'hui, il est essentiel d'engager des partenaires locaux, à petite échelle, qui gèrent leurs entreprises à leur niveau, sans toujours avoir besoin de passer par des grands groupes pour qui c'est évidemment plus facile de gérer les contraintes prévues."

Diminuer l'impact carbone

Une alerte a par ailleurs été déposée auprès du Contrôle fédéral des finances concernant la forme et les conditions de cet appel d'offres. Le message a bien été reçu par l'organe de contrôle qui explique procéder actuellement à son analyse.

L'adjudication interviendra le 1er octobre, indique l'EPFL, par décision d'un comité composé de dix personnes "représentant sa communauté multipartite".

Cet appel d'offres fait partie d'une stratégie visant à diminuer l'impact carbone et améliorer la qualité nutritionnelle de la restauration sur le site du campus, précise encore l'EPFL.

Pascal Jeannerat

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