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Comment les banques centrales entrent dans la course aux cryptomonnaies

Entre les cryptomonnaies et les futures monnaies digitales gouvernementales, c'est la course contre la montre
Entre les cryptomonnaies et les futures monnaies digitales gouvernementales, c'est la course contre la montre / 19h30 / 2 min. / le 4 septembre 2021
Depuis que Facebook se prépare à lancer sa monnaie numérique, on assiste à une course entre les cryptomonnaies et les futures monnaies digitales gouvernementales. Les banques centrales ont mis du temps à saisir cet enjeu.

Le marché des cryptomonnaies représente des milliards. Le Bitcoin, l'Ethereum et consorts mènent la danse, mais les gouvernements et banques centrales souhaitent entrer dans la course.

"Le marché des cryptos a une valeur de plus de 2000 milliards, ce qui représente plus que la valeur de Visa et de Mastercard réunis, les deux plus grandes entreprises de paiement au monde", illustre Mariem Farhat, analyste des cryptomonnaies chez Flow Bank.

Plus le monopole de battre monnaie

Assises sur leur tas d'or, les banques centrales n'ont rien vu venir: "L'émergence des cryptos a bousculé les banques centrales qui, depuis 300 ans, étaient persuadées de conserver le monopole de battre monnaie. Donc elle doivent aujourd'hui s'adapter à ces nouvelles technologies en créant ces monnaies digitales", analyse Arthus Jurus, chef stratégiste chez Oddo BHF.

Les banques centrales se sont donc mises au travail, mais à leur rythme. Actuellement, 60% des Etats songent à passer à la devise numérique. Mais ils devront faire face à 11'000 cryptomonnaies ou stablecoins, ces cryptomonnaies à faible volatilité du fait de leur alignement à une monnaie conventionnelle.

Les anti-bitcoin

"Le e-yuan est déjà mis en application dans certaines provinces de Chine, donc c'est en phase d'expérimentation. Le e-euro est un projet mené aujourd'hui par la Banque centrale européenne. Il émergera au cours des prochaines années, probablement en 2024 ou 2025", estime Arthus Jurus.

La Banque nationale suisse (BNS) n'annonce pas pour l'heure de franc suisse numérique. Mais ailleurs, cette course s'est accélérée avec l'arrivée du Diem (ex-Libra), la cryptomonnaie stable de Facebook, qui a agité les gouvernements.

L'annonce du lancement du Diem aurait poussé la Réserve fédérale américaine (FED) à accélérer la sortie de sa propre monnaie numérique. C'est du moins ce que laissait entendre le discours de son président Jerome Powell au printemps dernier. "La difficulté pour la FED était d'avoir une entreprise américaine qui a pignon sur rue à travers la planète avec des milliards d'utilisateurs, qui pouvait commencer à battre monnaie, sans avoir de comptes à rendre au dollar américain", explique Yves Bennaïm expert  en cryptomonnaies chez 2B4CH.

Plus de contrôle sur le citoyen

Ces entreprises au-dessus des lois, qui ne paient pas ou peu d'impôts, forcent donc les banques centrales à passer à la numérisation. Cela diminuera les coûts et augmentera la rapidité des transactions. Mais cela aura aussi pour incidence d'augmenter le contrôle sur le citoyen, selon Yves Bennaïm:

"En Suisse, on peut payer jusqu'à 100'000 francs pour faire une transaction, entre guillemets anonyme, en cash. En France, la limite est à 1000 euros, par exemple. Mais du moment où tout doit être numérisé et passer par la banque centrale, la limite devient zéro. Il faut demander l'autorisation pour n'importe quelle transaction".

Dans cette course, les valeurs des cryptos donnent toujours le tempo. Il semblera donc difficile de convaincre les consommateurs à préférer les futures copies gouvernementales aux monnaies cryptographiques originales.

Philippe Lugassy / fme

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