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Le géant chinois de l'immobilier Evergrande inquiète l'économie mondiale

Les prix de l'immobilier ont encore pris l’ascenseur ces derniers mois en Chine. [Keystone - Andy Wong - AP Photo]
Le géant de l’immobilier chinois Evergrande endetté à hauteur de 280 milliards / Le 12h30 / 2 min. / le 15 septembre 2021
Menacé de faillite, le géant chinois de l'immobilier Evergrande fait face à une montagne de dettes. Le groupe doit à ce jour la somme vertigineuse de plus de 280 milliards de francs à ses créanciers – somme comparable au PIB 2020 du Danemark ou de l'Egypte.

Le ministère chinois du Logement aurait informé les grandes banques du pays que le groupe ne serait pas capable d'honorer le remboursement des intérêts sur ses prêts dus en fin de semaine, indique mercredi l'agence Bloomberg.

L'annonce fait miroiter une cessation de paiement susceptible d'envoyer une dangereuse onde de choc dans l'économie chinoise, voire au-delà.

Une croissance soutenue par les autorités

Le paysage urbain chinois est parsemé de grues d'Evergrande depuis des décennies. Le numéro deux de la construction a largement alimenté l'essor d'un secteur instrumentalisé par les autorités pour créer de l'activité économique et stimuler la croissance "miraculeuse" du pays.

Soutenue par le pouvoir, l'éclosion frénétique de logements est allée de pair avec un décollage artificiel des prix: les Chinois sont nombreux à engloutir leurs économies dans la pierre à titre de placement. Il n'est pas rare que certaines familles possèdent plusieurs appartements. La bulle spéculative engendrée préoccupe le pouvoir qui, soucieux de la voir éclater, tente de la contrôler depuis des années. Un tel cas de figure aurait des effets dévastateurs sur la deuxième économie mondiale, mettant à mal la stabilité sociale.

Des centaines d'investisseurs fâchés

Depuis le début de la semaine, des centaines d'investisseurs ont manifesté devant le siège du conglomérat à Shenzhen, au sud du pays. Tous réclament le remboursement des avances de fonds propres versés pour l'achat de futurs logements.

Evergrande avait pour habitude d'encaisser un pourcentage du prix de vente avant même la construction effective des bâtiments. Un mode de financement interdit l'an dernier par Pékin dans le cadre d'un paquet de mesures visant à lutter contre la spéculation immobilière. Depuis lors, le groupe s'est vu privé d'une importante source de revenus.

Une note dégradée à plusieurs reprises

Outre des logements, l'entreprise s'était également diversifiée, investissant dans l'automobile, l'industrie des loisirs, le sport et l'évènementiel. Elle proposait également divers produits financiers dérivés aujourd'hui menacés de perdre l'essentiel de leur valeur.

Ces dernières semaines, les grandes agences de notation ont dégradé à plusieurs reprise la note d'Evergrande dont la valeur de certaines obligations a chuté de 75%. Sa capitalisation boursière a quant à elle été divisée par quatre depuis le début de l'année.

Vers une crise des subprimes à la chinoise?

Certains analystes mettent en garde contre une crise des subprimes à la chinoise, tirant un parallèle avec la banque Lehman Brothers  dont l'effondrement avait entraîné le krach financier de 2008. Le gouvernement américain avait à l'époque refusé de voler à son secours en garantissant les prêts hypothécaires à risque. S'en était suivie une crise économique mondiale.

Le pouvoir chinois rechigne pour sa part à intervenir, désireux de se montrer ferme pour envoyer un signal et discipliner les promoteurs et les banques. L'Etat ne veut plus, comme ce fut le cas pendant des années, être perçu comme garant implicite. Difficile cependant de concevoir que le Parti communiste, obnubilé par la stabilité sociale, puisse effectivement rester les bras croisés face aux risques systémiques en jeu. Les autorités auraient d'ailleurs pris les devants en convoquant les banques à une réunion d'urgence avant la fin de la semaine.

Michael Peuker/ebz

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