"La crise Covid a joué un rôle catalyseur dans le déploiement de notre service. En quelques semaines, on a dû s'adapter pour protéger les soignants en première ligne, puis assurer une continuité des soins pour des patients vulnérables", affirme Sanae Mazouri, médecin adjointe au Service cybersanté des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG).
Dans ce service de télémédecine, le nombre de patients a bondi d'une centaine avant la crise à environ 600 au pic de la pandémie.
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Médecins des hôpitaux ou en cabinet, soignants, psychologues, sages-femmes ou infirmiers, de nombreux secteurs des soins ont adopté la consultation à distance. "Il n'y a pas de service qui nécessite obligatoirement la présence du patient. S'il n'y a pas besoin de faire un examen clinique poussé du patient ou qu'il n'y a pas d'examens complémentaires, on peut toujours donner un conseil médical à distance dès lors qu'on a accès à ces données médicales", assure Sanae Mazouri.
Demande en augmentation
Après 18 mois de Covid, le modèle semble se pérenniser. La pharmacie de garde de Genève Pharma24 propose depuis quelques mois une consultation avec un médecin en vidéoconférence.
Les personnes qui demandent ces services sont souvent jeunes, en bonne santé et n'ont pas de médecin de famille, selon la directrice de la pharmacie Marie-Paule Schneider: "Cette demande est réelle et augmente progressivement. Cela répond à un besoin d'une tranche de la population qui, sinon, devrait attendre aux urgences pour des situations assez bénignes et qui ne méritent pas forcément l'attention des urgences. Cela nous permet de faire un tri".
Les pharmaciens n'ont toutefois pas pour objectif de se substituer aux médecins. Leur but est de répondre au patient en fonction de leur expertise et proposer une téléconsultation lorsqu'une validation médicale s'impose. Ils pourront alors assister le médecin pour des gestes de base, comme la prise de température. "On pourra aussi faire quelques gestes notamment à travers un appareil photo ou une vidéo. On va photographier une plaie, ou bien l'intérieur de l'oreille, pour transmettre ces clichés en direct au médecin, qui est au bout de la ligne", précise Marie-Paule Schneider.
Diminution de coûts
Les assureurs, de leur côté, ne voient que des avantages à cette nouvelle pratique. Selon le porte-parole de Curafutura Adrian Kay, près de la moitié des cas pourraient être réglés avec une consultation à distance, sans nécessiter davantage d'investigation.
Cela allégerait inévitablement les coût de la santé. "Cela permet d'offrir un rabais sur les primes, qui peut aller jusqu'à moins 15% par rapport à la prime standard", estime le représentant des assureurs.
L'impact économique est difficile à évaluer aujourd'hui. Mais les exemples apportés par d'autres pays montrent des coûts réduits. "On arrive à réduire les coûts en évitant des hospitalisations inutiles, ou des transferts aux urgences. On peut permettre un accès plus facile à un avis spécialisé en évitant aux patients de se déplacer, de prendre un congé par exemple pour venir consulter", confirme, aux HUG, Sanae Mazouri.
Estelle Braconnier, Delphine Gianora, Feriel Mestiri