Selon les nouvelles estimations de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), le volume du commerce mondial des marchandises devrait croître de 10,8% en 2021 et de 4,7% e en 2022. En mars, l'OMC tablait respectivement sur une hausse de 8% et de 4%.
"On pouvait s'attendre à un rebond substantiel compte tenu de l'ampleur du marasme commercial qui a accompagné le début de la pandémie de Covid-19 en 2020, lorsque le volume du commerce mondial de marchandises s'est contracté de 5,3%", a déclaré la directrice générale de l'OMC Ngozi Okonjo Iweala.
D'après les économistes de l'OMC, cette croissance devrait se modérer à mesure que le commerce des marchandises retournera à la tendance de long terme qui était la sienne avant la pandémie. "Des problèmes du côté de l'offre comme la pénurie de semi-conducteurs et le retard accumulé dans les ports pourraient tendre les chaînes d'approvisionnement et peser sur les échanges dans certains secteurs, mais ne devraient pas avoir d'incidence majeure sur les agrégats mondiaux", ont-ils estimé.
58% de vaccinés dans les pays riches, 1,4% dans les pays pauvres
Outre ces risques d'engorgement, Ngozi Okonjo Iweala s'inquiète en particulier d'une forte divergence de la croissance du commerce d'une région à l'autre. En particulier, le Moyen-Orient, l'Amérique du Sud et l'Afrique semblent s'orienter vers la reprise la plus faible du côté des exportations. "Les chiffres du commerce sont la dernière preuve en date que l'accès inéquitable aux vaccins exacerbe les divergences économiques entre les régions", a souligné la directrice générale de l'OMC.
Plus de 6 milliards de doses de vaccin anti-Covid ont été produites et administrées dans le monde, mais à ce jour, a-t-elle déploré, seulement 1,4% des habitants des pays à faible revenu ont été entièrement vaccinés, contre 58% dans les pays riches.
A l'approche de la douzième Conférence ministérielle de l'OMC, qui s'ouvrira le 30 novembre, elle a appelé les membres de l'organisation à "faire preuve d'unité et s'accorder sur une réponse forte de l'OMC à la pandémie, qui jetterait les bases d'une production plus rapide des vaccins et d'une répartition plus équitable".
La pharma s'accroche aux brevets
Sur proposition de l'Inde et de l'Afrique du Sud, l'OMC débat âprement depuis 2020 d'une exemption des droits de propriété intellectuelle sur les vaccins et autres traitements anti-Covid, afin de les rendre plus accessibles. Ce principe, soutenu par l'Organisation mondiale de la santé et plusieurs ONG, est combattu par les géants pharmaceutiques et certains pays européens, dont la Suisse. Ils soulignent que des accords de production entre entreprises sont possibles et se multiplient, y compris en Afrique.
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La patronne de l'OMC a reconnu lundi que c'était "un sujet difficile", mais ajouté espérer pouvoir parvenir à un compromis raisonnable sur la question.
Elle a également indiqué que les membres de l'OMC travaillaient de manière "acharnée" pour parvenir, en vue de la Conférence ministérielle, à des avancées ou des accords dans plusieurs domaines, notamment celui des subventions qui poussent à la surpêche, un sujet sur lequel les pays discutent depuis plus de 20 ans.
afp/vic
Ngozi Okonjo-Iweala dément les rumeurs de démission
Ngozi Okonjo-Iweala a qualifié lundi de "fake news" les informations selon lesquelles elle aurait menacé de démissionner face à l'absence de progrès dans les négociations.
"Vous savez, j'aime mon travail. Nous commençons tout juste à travailler pour la 12e conférence ministérielle", a ajouté la directrice générale de l'Organisation mondiale du commerce.
La semaine dernière, l'agence Bloomberg avait assuré, citant sous couvert d'anonymat cinq responsables du commerce à Genève, que la Nigériane avait menacé en privé de démissionner.
Pas d'effet "coup de fouet"
La Docteure Ngozi Okonjo-Iweala, qui a pris ses fonctions en mars, est la première femme et première Africaine à diriger l'institution basée à Genève. Deux fois ministre des Finances et cheffe de la diplomatie du Nigeria durant deux mois, elle a remplacé le Brésilien Roberto Azevedo, qui avait quitté ses fonctions en août 2020, un an avant la fin de son mandat.
A sa nomination, plusieurs observateurs ont espéré que son arrivée à l'OMC puisse donner un véritable coup de fouet à l'organisation pour aider à relancer les négociations qui piétinent depuis des années dans plusieurs domaines, mais les divergences entre les pays persistent sur deux dossiers que Ngozi Okonjo-Iweala a mis en avant: les subventions favorisant la surpêche et la question des droits de propriété intellectuelle face au Covid.
Aucune avancée n'a par ailleurs été constatée pour relancer le fonctionnement de l'organe de règlement des différends de l'OMC, dont la cour d'appel a été torpillée par l'administration de Donald Trump, ouvertement hostile à l'organisation.
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