Plusieurs entreprises industrielles espagnoles ne peuvent plus assumer le coût de l’énergie en hausse. Elles ont préféré stopper leur production plusieurs jours plutôt que de produire à perte.
Facture multipliée par trois
C’est le cas d’une entreprise de sidérurgie au nord du pays, qui vient d’annoncer 20 jours d’arrêt. Sa facture d’électricité a été multipliée par trois. Résultat: des coûts en augmentation de 25%.
Une autre, située en Andalousie et spécialisée en fertilisants, ne peut plus supporter le coût élevé du gaz utilisé pour la production d’ammoniaque. La métallurgie ne s’en sort pas mieux.
Solution d'urgence réclamée
L’industrie espagnole avertit: cette escalade des prix de l’électricité nuit à la compétitivité des entreprises face à leurs concurrentes en France ou en Allemagne. Selon l’association des entreprises grandes consommatrices d’énergie, la pression à la hausse sur les prix de l’électricité pourrait durer jusqu’en 2024. Elle réclame d’urgence une solution européenne (lire l'encadré à ce sujet).
Valérie Demon/jpr
La Commission européenne encourage les Etats à prendre des mesures
La Commission européenne a présenté mercredi une série de mesures pour lutter contre l’augmentation rapide des prix de l’énergie. Une sorte de "boîte à outil" à l’usage des gouvernements. Mais la démarche a aussi d’autres objectifs, plus politiques cette fois.
La Commission encourage les Etats à prendre des mesures ayant un impact immédiat, comme la baisse provisoire des taxes sur le gaz ou le soutien financier direct aux particuliers et aux petites entreprises les plus vulnérables. Il y a de l’argent disponible, affirme-t-elle. Ces aides peuvent être financées par les recettes du marché du carbone, ces droits de polluer que l’industrie achète au prix fort et qui aident à financer la transition vers des énergies renouvelables.
Achats communs
La Commission va aussi étudier les possibilités d’achats communs de gaz et d’augmentation des capacités de stockage en Europe. Les dirigeants des Etats membres en discuteront lors du sommet du 21 et 22 octobre.
Plusieurs gouvernements s’inquiètent d’un cocktail explosif: augmentation des prix de l’énergie, frein à la reprise économique, effet "gilets jaunes", contestation de la transition énergétique et du grand plan climat de l’Europe, accusée par certains d’être à l’origine de la hausse brutale des prix.
Voilà pourquoi la Commission insiste: la transition vers les énergies vertes n’est pas le problème, mais la solution à la dépendance aux énergies fossiles.
af/jpr