Le premier vol d'Italia Trasporto Aereo a décollé vendredi matin de Milan-Linate en direction de Bari dans le sud du pays, sept heures après le dernier atterrissage d'Alitalia la veille à Rome, en provenance de Cagliari.
Née le 5 mai 1947, Alitalia a symbolisé la réussite économique de l'Italie après la Seconde Guerre mondiale, devenant dans les années 70 la septième compagnie mondiale, avant de connaître un long déclin, qui s'est aggravé ces dernières années.
Pertes d'emplois et salaires abaissés
Quelque 5750 salariés devraient être embauchés par ITA en 2022, sur un total de 10'500 employés d'Alitalia. Les syndicats d'Alitalia multiplient les manifestations, protestant contre les "contrats au rabais" proposés par ITA, avec des baisses de salaires atteignant 20%, voire 40% pour les pilotes, et la "vente à la découpe" de la compagnie.
Si le secteur aviation a été transféré à ITA, une société 100% publique, les services au sol et la maintenance seront vendus séparément, par le biais d'appels d'offres, comme l'a exigé Bruxelles durant d'âpres négociations avec Rome.
La Commission européenne a donné en septembre son feu vert au décollage de la jeune pousse et a autorisé l'injection de 1,35 milliard d'euros de fonds publics.
Rude concurrence
Avec une flotte réduite de moitié, à 52 appareils, dont 7 gros porteurs, ITA aura du mal à prendre son envol, juge toutefois Andrea Giuricin, économiste des transports à l'Université Bicocca de Milan.
"Résister à la concurrence des géants Air France-KLM et Lufthansa sur les routes internationales et des compagnies à bas coût sur le marché intérieur relève d'une mission impossible".
Le célèbre logo vert sur fond blanc d'Alitalia ne disparaîtra toutefois pas du ciel européen, car ITA a remporté jeudi soir l'appel d'offres pour l'achat de la marque, en déboursant 90 millions d'euros.
Des milliards investis avant la chute
Au fil des années, l'Etat italien a déboursé plus de 13 milliards d'euros pour tenter de remettre à flot Alitalia, entre recapitalisations et prêts relais. Mais rien n'y a fait, Alitalia a cumulé des pertes de 11,4 milliards d'euros entre 2000 et 2020.
"La grande erreur aura été de ne pas investir sur le marché lucratif du long-courrier", a commenté à l'AFP Andrea Giuricin.
D'autant que des low cost comme Ryanair et Easyjet cassaient les prix sur les court-courriers et que le TGV a réduit de 6 à 3 heures le temps de trajet entre Rome et Milan.
Au bord de la faillite, Alitalia a été placée sous tutelle de l'administration publique en 2017, mais sa situation s'est encore dégradée sous l'effet de la crise du Covid-19 qui a cloué au sol les compagnies aériennes mondiales.
Pas de repreneurs trouvés
Depuis la mise sous tutelle publique d'Alitalia il y a quatre ans, le gouvernement a cherché en vain des repreneurs.
Dans le passé, Alitalia avait pourtant attiré des prétendants, comme Air France-KLM qui a soumis une offre en mars 2008 mais s'est heurtée au refus de Silvio Berlusconi, arrivé au pouvoir peu après, menant campagne sur le thème de la défense de "l'italianité".
En 2020, Alitalia perdait deux millions d'euros par jour, transportant seulement 6,3 millions de passagers, là où Ryanair en a fait voyager 52,1 millions et Air France-KLM 34 millions.
afp/cab