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Les plus aisés paient désormais les factures des plus pauvres en Turquie

L'inflation aurait grimpé de 20% en un an en Turquie. [NurPhoto/AFP - Diego Cupolo]
Les plus aisés paient désormais les factures des plus pauvres en Turquie / La Matinale / 1 min. / le 29 octobre 2021
Avec une pandémie qui a plongé le pays dans la crise économique, payer ses factures est désormais un combat en Turquie. La situation est telle que la mairie d'Istanbul a mis en place une plateforme permettant à des familles plus aisées de payer les factures de leurs concitoyens.

La crise économique est galopante en Turquie, où l'inflation aurait grimpé de 20% en un an. Et les associations se plaignent de chiffres officiels bien en deçà de la réalité.

La correspondante de la RTS en Turquie Cerise Sudy-Le-Dû a recueilli le témoignage d'une personne qui n'arrive plus à joindre les deux bouts, et celui d'un généreux donateur.

Professeure à domicile de 34 ans, Rojda est contrainte de vivre en colocation, sans même disposer d'un salon. Les charges pèsent de plus en plus sur sa facture, à l'instar du gaz dont le prix a doublé en quelques années.

Des crédits ou des emprunts pour payer

"Je ne sais même pas comment je vais payer cette année", confie-t-elle. "L’année dernière, j’ai demandé de l’aide à ma famille, mais eux aussi sont en grande difficulté économique. Certains prennent des crédits à la banque ou empruntent de l’argent à des amis".

Pour tenter d’aider les plus précaires, la mairie d’Istanbul a donc lancé “Askida fatura” (littéralement, "une facture à payer”), plateforme sur laquelle des particuliers peuvent payer une ou plusieurs factures de leurs concitoyens. Plus de 280'000 d'entre elles ont ainsi déjà été réglées.

"Je me suis dit que ça aurait pu être moi"

Parmi ces généreux donateurs, Yusuf, 30 ans, n’y a pas réfléchi à deux fois. Il verse ainsi entre 25 et 30 livres turques chaque mois. "J’ai connu une période de chômage il y a deux ans. Alors, quand j’ai lu les histoires des gens dans les journaux, je me suis dit que ça aurait pu être moi", explique-t-il.

Plus de 26'000 factures restent cependant en suspens. Rojda a soumis les siennes, mais n'a reçu encore aucune nouvelle.

Cerise Sudry-Le-Dû/oang

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La politique économique "à rebours" d'Erdogan

A mi-octobre, la livre turque a atteint un nouveau plus bas historique face au dollar, quelques heures après un nouveau limogeage de trois cadres de la Banque centrale turque.

Le président Erdogan a limogé trois gouverneurs de la Banque centrale depuis 2019, sapant la confiance des investisseurs et contribuant à rendre le coût de la vie insoutenable pour une partie des Turcs.

Sous la houlette du chef de l'Etat, et malgré une inflation galopante, la Banque centrale avait abaissé son principal taux directeur, fin septembre, de 19 à 18%.

Recep Tayyip Erdogan qualifie régulièrement les taux d'intérêt élevés de "père et mère de tous les maux" et affirme, à rebours des théories économiques classiques, qu'ils favorisent l'inflation.

Mais cette politique de croissance à tout prix a fait grimper officiellement l'inflation à près de 20% sur un an, quatre fois plus que l'objectif initial du gouvernement.

afp