A Corgémont, dans le Jura bernois, l'entreprise Amyna 3 fabrique des masques chirurgicaux depuis novembre 2020. Elle livre essentiellement des entreprises horlogères et des crèches. Les deux géants de la grande distribution, Migros et Coop, n'ont toutefois jamais montré d'intérêt pour ces masques "made in Switzerland".
Amyna 3 fabrique actuellement 25'000 masques par jour. C'est plus qu'à ses débuts, mais moins que les objectifs fixés. "Nous pourrions en fabriquer beaucoup plus par jour", estime la directrice d'Amyna 3 Morena Pozner, vendredi dans le 12h30. Et d'ajouter: "Il y a de la demande. Nous avons un peu plus de commandes, mais ce n'est pas ce qui nous permet encore de pouvoir pérenniser l'entreprise."
Masques importés vendus 2 centimes
Morena Pozner a le sentiment de plutôt bien s'en sortir face à d'autres entreprises suisses qui ont déjà interrompu leur production par manque de demandes. Car la concurrence face aux importations asiatiques - moins chères - reste forte. "Des masques chinois, par exemple, sont vendus 2 centimes, alors que nos masques les moins chers sont vendus 10 centimes", compare Morena Pozner.
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Une différence de prix qui s'explique, selon la directrice, par les "contraintes": "Il faut savoir que nous devons régulièrement passer dans des laboratoires pour obtenir des autorisations de Swissmedic pour mettre nos masques sur le marché. Tout est clairement plus cher. Les gens doivent prendre conscience que nous avons des prix fixes qui ne nous permettent pas de pratiquer les tarifs de nos concurrents chinois."
Manque de soutien politique
Sans l'aide - pas forcément financière - des politiques, il est impossible de contrer la concurrence asiatique, selon Morena Pozner. "Les politiques ont beaucoup de peine à se mouiller. Nous avons demander des aides. Nous avons un peu écrit à gauche et à droite. Mais nous n'avons même pas reçu de retours", déplore-t-elle.
L'entreprise Amyna 3 se donne jusqu'au mois de juillet pour faire le point sur sa situation et voir si cela vaut la peine de continuer. L'arrivée du variant Omicron pourrait faire repartir la demande des masques à la hausse.
Cynthia Racine/vajo